Les petits coquins du marketing chez Universal ont fait une bande annonce qui présentait une grosse comédie des frères Coen du type Burn After Reading ce qu'elle n'est pas complètement (disons que c'est un peu plus subtil que ça), avec une scène assez drôle où on voyait Jonah Hill (qui n'a que cette scène dans le film, et qui apparaît pourtant sur l'affiche en 5ème (!) devant Channing Tatum (j'ai l'impression que c'est par ordre alphabétique, mais c'est pas très habituel). Je trouve ca assez étrange, les frères Coen ont réussi à faire des succès avec des films bizarres, sans chercher à les camoufler...


Parce Hail, Caesar! est une comédie, c'est bien vrai, mais on dirait aussi qu'ils ont cherché à faire leur "film catholique" après A Serious Man qui était leur "film juif". Parce que ce qui traverse le film, entre deux digressions dans un scénario un peu décousu qui enchaîne les scénettes très drôles, c'est la foi catholique, l'idée qu'on se fait d'être un "homme bon" , et le personnage principal Eddie Mannix, joué par Josh Brolin est une espèce de simili-Jésus qui se sacrifie et prend sur lui tous les péchés de l'industrie Hollywodienne pour préserver la "foi" (la foi en l'ancien Hollywood?). Le parallèle avec Jésus est joué sur le registre de l'humour mais la foi de Mannix est montrée de manière absolument pas ironique et avec respect. De par leur placement en début et fin de film, les scènes de confession donnent le ton à l'ensemble du film. Ce qui n'empêche pas les Coen de proposer une scène à mourir de rire ou les représentants de religions variées (Catholicisme, Judaïsme, Christianisme Orthodoxe ) sont chargés de donner leur avis sur l'authenticité de Jésus dans l'espèce de clone de Ben-Hur qui donne son titre au film.


Eddie Mannix est le "fixer" des Capitol Studios (le même studio imaginaire que dans Barton Fink) qui est chargé de régler les problèmes du studio (étouffer les scandales, gérer les petits problèmes du quotidien, les relations avec la presse, les agents) et le scénario brode en papillonnant autour de l'intrigue principale : Baird Whitlock , star du studio est enlevé par un groupe d'action communiste contre rançon. Autour de ça se greffent une starlette enceinte (Scarlett Johansson, impayable, pète sec avec un accent du tonnerre), un acteur de western que le studio décide de refourguer dans un improbable mélo pour le changer d'image (ahurissant Alden Ehrenreich), un duo de jumelles journalistes de presse à Scandale (Tilda Swinton, qui la joue confortable, mais efficace) qui rôdent et qui sortiraient bien des dossiers sur Baird Whitlock, Un acteur de Musicals gay!gay!gay! bien mystérieux (Channing Tatum, excellent en semi bouffon et avec un joli brin de voix) et une louche de personnages secondaires très chouettes (mentions spéciales à Ralph Fiennes, Frances McDormand, et la présence-WTF de Christophe Lambert)


Le reste du film est un peu plus brouillon dans sa structure (on ne semble pas s’embarrasser avec l'intrigue principale et on prend un plaisir fou à la digression) avec des scènes très drôles sur les coulisses de l'Usine à rêve (entre satire acide et hommage enamouré) au moment où le système des studios tous- puissants commence à perdre de sa superbe, parsemé des choses pas si légères que ça sur la chasse aux sorcières, l'homosexualité à l'époque dans ce milieu.


Il faut noter la photo comme d'habitude superbe de Roger Deakins et la chouette musique de Carter Burwell . Bref un excellent film des frères Coen !

Benjicoq
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Films de 2016 et Les meilleurs films de 2016

Créée

le 17 févr. 2016

Critique lue 238 fois

Benjicoq

Écrit par

Critique lue 238 fois

D'autres avis sur Avé, César !

Avé, César !
Sergent_Pepper
5

Boulevard des groupuscules.

Un petit vacillement opère à la découverte de ce nouvel opus des Coen bros, dont la filmographie bien garnie nous fait vibrer depuis plusieurs décennies déjà : et si le syndrome Woody Allen guettait...

le 21 févr. 2016

108 j'aime

10

Avé, César !
Star-Lord09
8

DANS LA PEAU DE JAMES ELLROY

On a toujours pas pris le pli depuis trente ans. Pourtant les frangins nous refont le coup tous les quatre ans selon un schéma pré-établi. Un polar dramatique chasse une comédie loufoque et désuète...

le 17 févr. 2016

79 j'aime

23

Avé, César !
Behind_the_Mask
7

Ave César ! Ceux qui vont sourire te saluent

Le temps d'une projection, Ave César ! renoue avec l'atmosphère si particulière du cinéma des années cinquante et de celle des plateaux de tournage des grands studios. Beauté des décors et de leur...

le 17 févr. 2016

66 j'aime

10

Du même critique

American Bluff
Benjicoq
3

Interesting trivia: The original title of that movie was Explosion at the Wig Factory.” *

Encore un film à récompenses qui ne vaut rien ... Je n'ai pas été intéressé le moins du monde par ce qui se passait à l'écran. Les personnages n'existent pas, ils ne sont que des coquilles vides...

le 5 févr. 2014

12 j'aime

Jeune & Jolie
Benjicoq
9

Critique de Jeune & Jolie par Benjicoq

Je viens de me rendre compte que ce film suscite une polémique à deux balles. il paraîtrait en fait qu'Ozon est un gros porc libidineux qui adore filmer ses fantasmes de jeunes nichons fermes (oser...

le 21 août 2013

11 j'aime

22

The Revenant
Benjicoq
4

Critique de The Revenant par Benjicoq

Je ne suis visiblement pas client du cinéma d'Iñárritu. The revenant ne fait que confirmer la tendance pour moi : ce mec ne peut pas s'empêcher de se regarder filmer et ça nuit vraiment à ses films...

le 28 févr. 2016

10 j'aime