Est-ce l'âge qui pousse les frères Coen à évoquer dans leurs récents films l'Amérique des années 50 : après Greenwich Village et sa communauté folk pré-Dylanienne dans "Inside Llewynn Davies", voici - sujet tout de même moins confidentiel - Hollywood et ses producteurs, ses stars, ses comédies musicales, ses péplums, ses westerns...
L'exercice est d'un point de vue technique et formel parfaitement réussi : rien à redire. Vu le talent des frangins, et le budget du film, ce n'est pas surprenant. Mais au delà de cela, on a beaucoup de mal à y trouver autre chose...Ajoutons à cela un scénario un peu décousu et il est difficile finalement de voir en quoi le film va véritablement au delà d'une galerie de portraits - certes très savoureux, et pleins d'humour et de tendresse - et de reconstitutions de scènes de l'âge glorieux du cinéma américain, dans les années 50. Il faut d'ailleurs admettre que ces scènes, très réussies, constituent les morceaux de bravoure du film.
D'une certaine manière, et de mon point de vue, ce qui est le plus réussi dans le film - parce qu'allant au delà de la simple reconstitution et invitant à la réflexion - est la façon dont le McCarthysme est abordé. On y voit ainsi d'abord un groupe de scénaristes assénant une irréfutable leçon de matérialisme historique à Georges Clooney, puis la fuite d'un acteur de comédie musicale - poursuivi par l'acteur de western (Reagan jeune ?) - à bord d'un sous-marin soviétique, le tout symbolisant de façon très convaincante la paranoïa qui saisit l'Amérique dans ces heures sombres.