C'est la lutte finale (version yankee)

J'ai mis près de deux mois à découvrir au cinéma « Avengers : Endgame », c'est vous dire combien mon impatience était sans limites... Non pas que je n'avais pas aimé le précédent (au contraire, même), mais je me doutais bien que la noirceur proposée, notamment dans les dernières minutes, ne pourrait se concrétiser dans ce volet concluant le premier cycle du MCU. Intuition se confirmant rapidement,

m'inquiétant très fortement pour ce qui va suivre.

Heureusement, Anthony et Joe Russo jouent plutôt bien sur ce climat de désolation, que ce soit par les décors ou le rapport au temps, permettant de poser une ambiance assez pessimiste et dénuée de scènes d'action pétaradantes afin de poser de nouveaux enjeux et plus généralement un nouveau « monde ». De plus, le choix du voyage dans le temps permet d'offrir une toute autre histoire que celle imaginée, ce qui est toujours agréable me concernant. L'équilibre entre récit et action pure est ainsi assez bien respecté, nous divertissant sans nous assommer. C'est plus le ton d'ensemble qui m'a posé « problème » : si se promener dans les titres précédents de l'univers provoque quelque chose de presque touchant, que ce soit par pure nostalgie ou de voir les héros croiser une dernière fois des êtres chers disparus, je trouve que cela manque de suspense.

Certes le rythme est bien mené, mais tout paraît presque « facile », que ce soit la façon de replonger dans le passé comme de retrouver les fameuses pierres. Et quand il y a un imprévu, on trouve encore un truc sorti de nulle part pour trouver la parade : un peu simple, voire lassant. Reste alors cette dernière ligne droite, renouant directement avec le précédent volet tout en en s'éloignant dans sa logique « dark », avec héroïsme et morceaux de bravoure en veux-tu en voilà, sans parler d'une musique que j'ai rarement vu aussi lourde et omniprésente dans un titre Marvel, comme si nous n'étions pas capables de relever les moments forts, émouvants, décisifs... Cela a beau faire son effet de temps à autre, ça gâche aussi pas mal de moments, à commencer par

À cela s'ajoute un scénario parfois peu cohérent dans son déroulement comme le comportement des protagonistes, donnant l'impression que cette immense bataille finale, aussi spectaculaire soit-elle, aurait pu être réglée bien plus aisément, Thanos, si charismatique dans « Infinity War », faisant pâle figure ici, au point d'en être presque caricatural. Reste une belle galerie de personnages globalement bien exploités (il faut certes faire des choix, mais globalement ça se tient) et une émotion plus palpable chez chacun d'entre eux, à l'image d'une Scarlett Johansson que je n'avais pas vu aussi belle et intense depuis pas mal de temps. Il serait très malhonnête d'écrire que je me suis ennuyé durant ces trois heures passant vite et plutôt agréablement. Disons que c'est un divertissement de qualité qui était conçu pour ne pas aller au bout de son audace et de ses ambitions, alternant plaisantes surprises et « surgravité » parfois gênante : qu'importe, le film a (évidemment) été un véritable triomphe, ce qui aurait été le cas quelle que soit sa qualité artistique. Rideau.