L'heure est à la mobilisation. Alors que cela devenait une habitude de se demander si une réunion jouissive sur papier pouvait échapper à la bêtise de deux incompétents, Avengers : Infinity War répond cette fois-ci par un oui. Le couronnement de 10 ans de patience pour le plus grand rassemblement super-héroïque de l'Histoire du cinéma a pour mérite d'offrir exactement ce qu'il a promis et même de surprendre positivement là où on s'y attendait le moins.


Il commence très fort en


zigouillant la totalité des survivants asgardiens, Heimdall et Loki compris, pour ne laisser que le dieu du tonnerre à l'abandon dans l'espace


. En une seule séquence, la menace est rendue crédible, dangereuse et véritablement intimidante, les pontes de Marvel sachant comment déstabiliser leur audience en fonction de leurs connaissances sur les films du MCU,


Hulk étant pour la première fois incapable de blesser son adversaire


. Dépourvue d'humour (mais pas pour longtemps à notre grand dam), l'introduction installe déjà des bonnes bases pour la suite.


La réussite indéniable de cet opus demeure son antagoniste teasé et attendu depuis maintenant le premier Avengers, Thanos. Envahisseur voulant jouer à Dieu, le Titan Fou occupe une très grande place dans l'intrigue du métrage où sa force de frappe, sa carrure et son obsession pour le contrôle font de lui l'ennemi le plus implacable et le plus marquant des Avengers. Incarné par Josh Brolin, l'Éternel est surprenamment tout aussi convaincant lors de ses nombreux échanges avec les héros du film


(sa mise à l'épreuve du courage de Quill, un moment prenant saboté par son dénouement),


sa personnalité étant réellement travaillée et génératrice de très bons passages.


C'est d'ailleurs toute la partie dramatique qui démarque Infinity War de ses prédécesseurs, Marvel Studios se permettent enfin de construire de longues scènes tendues sans interruption ou cassure de ton faisant ressentir la gravité des événements tels


le combat où Stark perd chaque pièce de son armure en affrontant Thanos


où bien évidemment le final apocalyptique terminant ces 2h30 de castagne sur une note très noire bien qu'il ne laisse personne dupe, Avengers 4 allant être la deuxième partie dédiée à la victoire et que des projets déjà en pré-production annoncent


la résurrection prochaine de plusieurs morts (entre autres les suites de Spider-Man : Homecoming, de Black Panther et des Gardiens de la Galaxie).


Avec un contenu aussi lourd, le découpage ne pouvait être qu'hasardeux (le flashback amené sans aucune transition), certains arcs ne reprennent qu'après trois quarts d'heure là où on les avait laissés


(le sauvetage de Doctor Strange)


et une sensation de gros fouillis était inévitable, pas arrangée par l'incrustation full fan-service d'icônes bien connues des fans


(l'apparition-surprise de Red Skull pour ne citer que lui).


Pas au point d'être dérangeant mais d'accélérer trop facilement les péripéties


(Banner rejoignant le Wakanda en un temps record, Nebula qui échappe à sa prison et revient sur Titan etc...).


Le spectacle n'est garanti que grâce au boulot monstre des équipes d'Industrial Light & Magic, les Frères Russo n'ayant aucun oeil pour retranscrire le gigantisme (la bataille du Wakanda filmée beaucoup trop au ras-du-sol quand les plans ne sont pas numériques) ou l'émotion


(il suffit de voir la mort de Gamora digne d'une cinématique de jeu vidéo),


et mieux vaut ne pas parler des scènes de discussions d'une platitude désespérante. Heureusement, la caméra est moins tremblotante qu'auparavant et le manque d'imagination dans la mise en scène ne ternit pas pour autant les scènes les plus puissantes


(l'arrivée de Thor sur Terre)


voyant le retour bienvenu d'Alan Silvestri à la musique dont le Main Title procure toujours des frissons aussi intenses qu'en 2012.


Des grincements de dents par contre sur l'aspect comique, l'un des moins efficaces de tout l'univers étendu et concentrés en une poignée de personnages (pauvre Mark Ruffalo qui, une fois briefé des épisodes de la Phase 3, fait le clown jusqu'à en devenir embarrassant, Star Lord ne s'en sort pas mieux, au mieux pénible, au pire carrément irritant), il s'évaporera par chance dans le dernier acte pour que nous puissions profiter d'un climax musclé et parfois poignant.


Le problème reste qu'Avengers 4 risque d'atténuer l'ensemble en voulant conclure une partie du Marvel Cinematic Universe et en démarrer une nouvelle, le défi sera de taille pour Kevin Feige, de ne pas décevoir après avoir autant émoustiller le grand public depuis toutes ces années. Avec Avengers : Infinity War, une page commence lentement à se tourner. Pour toutes ses failles, on en garde en mémoire la générosité et l'ampleur du résultat final.

Walter-Mouse
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le 27 avr. 2018

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Walter-Mouse

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