Ils l'ont fait.
Après 18 films, un démarrage sympathique, des hauts, des bas, des personnages charismatiques, des méchants qui ne le sont pas, des sagas qui ne décollent jamais, une formule qui s’essouffle et surtout, un méchant d'opérette pitché durant la dernière minute de générique d'une demi-douzaine de films, ils ont réussi, "contre toute attente" leur grand final (enfin, vu qu'Avengers 4 sort en avril 2019... :)
Je dis "contre toute attente" mais je devrais plutôt dire "malgré mes craintes". En effet, si Joss Whedon, avec son Avengers avait réussi la réunion tant attendue, il avait échoué à réitérer l'exploit avec sa suite, la faute, entre autre, à un méchant raté (Ultron) au potentiel sous-exploité.
De l'autre côté, les frères Russo après avoir surpris leur monde (aka moi :) avec leur soldat de l'hiver supérieur à l'original, s'étaient ensuite un peu endormi sur leurs lauriers avec un Avengers 2.5 qui faisait + bagarre de cours de récré et n'allait pas assez loin.
On pourrait penser que la plus grande qualité du film (la seule ?) serait de nous proposer de superbes scènes d'action et ça n'est pas le cas. Enfin si, c'est le cas, Infinity war propose la quantité la plus invraisemblable de combats que le MCU nous ait offert... mais non, ça n'est pas le cas, car ça n'est ni la seule qualité ni la plus importante.
La qualité principale du film, et cela, encore une fois, je ne l'attendais pas (d'où ma surprise, d'où mes balises spoilers pour la conserver pour vous également ;), c'est Thanos.
Loin du simple super giga puissant ennemi à abattre que j'imaginais, Marvel sort (ENFIN) de son chapeau un vrai personnage intéressant en guise de nemesis.
Je dis bien nemesis car méchant serait très réducteur et irait à l'encontre de ce en quoi il croit. La grande force de ce Thanos (impeccablement porté par Josh Brolin) est d'être persuadé que sa cause est juste, non pas en s'obstinant à ne pas voir le mal qu'il fait mais en expliquant que c'est l'inaction des autres qui est le mal de l'Univers. On peut juger de la moralité de ses actes mais Thanos, de son point de vue, est le sauveur de l'Univers, et un sauveur qui est prêt à sacrifier tout ce qu'il a, ou ce qu'il aime, pour ça (la scène avec Gamora, qui refuse de croire à ses sentiments sonne très juste). Ce personnage ambivalent et troublant est vraiment le personnage central (le film aurait pu/du s'appeler L'ère de Thanos ;)
Et, à côté de ça, il est effectivement super giga puissant, hein :p
De l'autre côté, ces scènes d'actions, énormes (en quantités, en durée et en qualité) sont très bien gérées et ce, pour 2 raisons :
avec autant de super héros en stock, il aurait été suicidaire de tous les balancer dans une même bataille. Le coup de poker du film est d'avoir divisé les batailles en plusieurs lieux et plusieurs moments, avec certains personnages qui passent de l'un à l'autre. Cela leur permet d'exister en tant qu'individus et pas seulement en tant que masse mais permet aussi de faire de chouettes mélanges (à ce titre, l'équipe Thor / Rocket / Groot fonctionne bien).
Bon, il ne faut pas se leurrer, certains personnages restent rapidement esquissés mais devant l'ampleur de la tache, je trouve que la réussite est presque totale (en tout cas, le plaisir, lui, l'est).
Avec tout cela, le film décroche sans problème mon gros 8, voir plus. Mais ce qui a finit de me scotcher,
c'est le choix couillu de voir Thanos atteindre son objectif des 50% : la disparition en cendres de plusieurs héros, ces moments de vie suspendues qui s'envolent avec le vent, ces derniers plans après tout ce chaos, silencieux, mortifères, achèvent la gifle qu'on avait reçu pendant plus de 2h.
Le seul bémol que j'ai à formuler est une incertitude... celle que le 4e opus n'efface littéralement cette dernière page,
celle des disparus, au profit d'un cliffhanger qui, à n'en pas douter, ferait baisser ma note.
Mais j'attendais tellement peu cet Infinity war, n'est-il pas permis, du coup, de rêver encore un peu ?