D'abord, redire combien Di Caprio est devenu un acteur prodigieux, avec un jeu d'une force inouïe qui sait pourtant ne jamais tomber dans l'excès, et combien son association avec Scorsese, répliquant et renouvelant l'osmose historique De Niro / Scorsese nous laisse désormais espérer bien des chefs d'oeuvre. Surtout, répéter combien "Aviator" est un très bon Scorsese, un film qui s'imposera sans doute avec le temps aux côtés de "Raging Bull" ou des "Affranchis" : conjuguant pour notre plus grand bonheur le glamour hollywoodien, la fascination pour le jusqu'au-boutisme éclatant des pilotes, puis l'isolement et la dérive intérieure de son héros, dans une fresque étourdissante, Scorsese nous rappelle ici combien il est un réalisateur essentiel de notre époque. Mais "Aviator" est aussi un film un peu trop long et lourd - sans doute à cause de l'ultra-classicisme de la narration qui suit sagement les règles de la biographie filmée... A moins qu'il ne soit en fait beaucoup trop court, puisqu'en s'arrêtant au seuil de la psychose qui engloutira le reste de la vie de Hughes, Di Caprio et Scorsese renoncent à explorer vraiment le côté sombre de leur histoire, là où naissent les plus grands films. [Critique écrite en 2005]