Hostile à la guerre et à l'uniforme, ce groupe d'hommes pris en main par le lieutenant Perrin (Philippe Léotard) est désormais un commando bien obligé de combattre.
De la guerre d'Algérie, le réalisateur et scénariste René Vautier donne un point de vue aussi personnel qu'insolite, que lui confèrent un style documentaire et le refus de la fiction spectaculaire. A travers sa chronique "subversive", il dénonce le sort des appelés du contingent, fustige le colonialisme français et -même si la violence et les exactions de l'armée française sont partiellement éludées- la mauvaise cause où son embrigadées de jeunes recrues n'aspirant qu'à la quille.
Hors quelques escarmouches, le film n'est pas précisément un film de guerre ou d'action; Vautier observe la vie du groupe dans une posture le plus souvent attentiste, capte ses commentaires antimilitaristes et, au moment notamment du putsch des généraux, son indifférence à une Algérie française. Ce refus de la guerre est concrétisé, dans la seconde partie du film, par la
fuite
de l'appelé pacifiste que joue le futur réalisateur Alexandre Arcady.
Le dénouement sera comme le symbole d'un combat absurde, immoral du point de vue de l'auteur.
Cependant, si le sujet et les idées sont convaincantes sur le fond, le film souffre indépendamment de ses imperfections techniques, d'une réelle faiblesse scénaristique. Volontairement ou non, le film est dépourvu d'intensité dramatique et les tribulations dans le bled des hommes de Perrin, comme la dialectique du cinéaste, sont par moments franchement ternes. L'orientation donnée à ce témoignage ne nous fait pas toucher pleinement au drame de la guerre d'Algérie.