Il y a un ou deux problèmes majeurs dans « Aya de Yopougon ». D'abord, l'accent des doubleurs est parfois tellement « réaliste » que l'on ne comprend pas toujours bien ce qu'ils disent. Mais surtout, j'ai beau ne rien avoir (au contraire) contre l'animation à la main, celle-ci est vraiment sommaire et ne fait pas honneur à l'Afrique, bien qu'elle se veuille probablement fidèle à la bande-dessinée d'origine. C'est d'autant plus dommage qu'à côté de cela, il y a des points très positifs. Le ton est souvent corrosif, les dialogues étonnants et les personnages ne sont en rien les innocentes victimes que l'on aurait pu craindre. Enfin un film qui nous montre que les africains peuvent être parfois de sacrés enfoirés, et que si une bonne partie de la population est effectivement pauvre, ce n'est pas le cas de tous, à l'homme de ce grand patron sans scrupules n'ayant rien à envier à certains requins de Wall Street.
Vous l'aurez compris : l'œuvre n'a rien d'enfantine et n'est donc pas franchement à conseiller aux têtes blondes, le récit prenant même parfois une tournure insolente et provocatrice des plus savoureuses. Au milieu de tout cela, l'insertion de quelques publicités « live » hilarantes viennent ponctuer le récit de manière originale et étonnante, donnant encore un peu plus de personnalité à cette histoire pas comme les autres. Dommage donc que l'aspect technique ne soit clairement pas à la hauteur des ambitions du projet, empêchant une immersion totale dans cette Afrique présentée sous un nouveau jour, et ce très intelligemment. Il n'est du coup vraiment pas interdit d'y faire un tour, le fond l'emportant quand même (de justesse) sur la forme : estimable.