En bonne partie sous l'impulsion de la légende Hayao Miyazaki, Ghibli a produit une quantité de merveilles absolues en animation traditionnelle. Des modèles d'une splendide beauté visuelle et poétique d'un perfectionnisme incroyable. Donc quand le mythique studio japonais se décide à se mettre pour la première fois de leur histoire à la 3D, il est normal de se dire en conséquence qu'ils vont profiter des prouesses époustouflantes atteintes au cours des années par d'autres sociétés de production, comme Pixar, pour parvenir à être aussi talentueux dans ce domaine.
Beeeeeeeeuuuuuuuuuuuurrrrrrrrrrrrrkkkkkkkk..., mais c'est quoi cette horreur ? C'est laid. Ça pique les yeux. Même les figures Playmobil ont des cheveux plus souples et des visages plus expressifs. Et les déplacements des personnages, on dirait pratiquement ceux de pantins désarticulés. Mais c'est à chier.
Bon, on va se calmer, on va se dire qu'au moins ça va se rattraper sur l'histoire. Respire, respire... Le fils du géant créateur de Mon voisin Totoro ne va pas se permettre d'être aussi mauvais au scénario. C'est quoi cette écriture naze ?
Sur la forme, en m'injectant une bonne dose d'indulgence, étant donné que c'est un téléfilm, j'aurais pu comprendre qu'un budget réduit ne permette pas d'être grandiose... non, je ne peux pas, je ne peux pas, même avec cet argument, la forme est vraiment trop à chier. Je vais revenir à l'histoire, si on peut réellement parler d'histoire.
La course-poursuite du début, l'entrée en matière fracassante, ben, vous savez quoi, elle ne sert strictement à rien pour la suite. Ouais, super. Les personnages dans l'orphelinat ? Non plus. La grande bibliothèque prenant le temps de toute une séquence ? Que dalle. C'est une suite de scènes dont la grande majorité n'a aucune raison d'être. Pour présenter les protagonistes qui vont compter au moins ? Niet, leur donner une personnalité complète se dessinant au fur et à mesure est une perte de temps. Ça apporte quelque chose qu'ils aient été musiciens par le passé ? Mais voyons, pourquoi ça apporterait quelque chose. Pour l'atmosphère ? On ne sait même pas où il y a danger et quelle est la nature du danger, même ne serait-ce s'il y a un danger, donc pour les éventuelles craintes, pour les sensations anxiogènes (en plus, ça se passe principalement dans un lieu clos, donc c'est l'idéal !), on peut se les fourrer bien profond là où on pense.
Ah, mais en fait, la protagoniste est une manipulatrice redoutable, arrivant à avoir tout le monde. Mais c'est très bien, ça, même si mal amené, car arrivant sans prévenir et sans cohérence. Malgré tout, c'est une occasion en or de mettre en scène une héroïne complexe avec une part sombre, de se faire demander si ce n'est pas elle la véritable antagoniste. Comment ça, il ne reste plus que quelques minutes avant la fin ? Pourquoi ce qui aurait dû être l'exposition du début prend 95 % du tout ? Pourquoi on torche ça à la vitesse de la lumière ? Pourquoi le film raconte ce qu'il aurait dû raconter tout du long que pendant sa conclusion, y compris durant le générique ? Pourquoi il se termine là où il aurait dû commencer, quand ça promettait d'être enfin intéressant ?
Euh, certes La Colline aux coquelicots est tout à fait estimable, mais vous savez que le talent, ce n'est pas forcément héréditaire, et qu'on n'est pas obligé de suivre les pas de ses parents pour donner un sens à son existence. Je ne doute pas que Gorō Miyazaki soit très bon quelque part, en dehors du dessin animé. J'espère un jour qu'il découvrira où.