Les films du monde arabe ne sont jamais vraiment des films du monde arabe : coproduction éparse & cafouilleuse mosaïcisant l’Iran & la Tunisie comme pour faire la moyenne du paysage des Mille & Une Nuits, Khemir confirme après Le Collier Perdu de la Colombe qu’il est un vrai ressuscitateur de l’âge d’or arabe & un maître des titres trop longs. Cette fois, la tentative est un vrai poème qui a reçu un héritage heureux des peines qui furent celles de sa conception.
Conte naïf qui s’épuise à capter le plus de beauté saharanne & iranienne possible, le récit de Bab’Aziz se situe dans une époque indistincte où l’on connaît la casquette, la moto & l’avion de ligne, mais où toute la vie du désert semble vivre au sein d’une autarcie qui est en bonne entente avec son passé, comme s’il était parfaitement naturel de le voir s’infiltrer à travers les dunes. Anachronismes & rêverie s’inversent & se confondent au rythme des jours & nuits contrastées que le sable reflète.
On n’atteint hélas pas tout à fait l’onirisme pur que cela pourrait promettre, mais il est difficile d’être déçu par la façon dont Khemir met de la vie dans les étendues arides. Plusieurs histoires se mêlent, se désaccordant parfois légèrement – mais peut-être est-ce la faute du spectateur, trop peu entraîné à jongler entre ses visions fantasmées & réelles de la vie de derviche dans un environnement jugé par lui hostile & tout juste bon à faire de jolies photos.
Il y a peu de choses chez Khemir car le milieu n’est pas riche & il prend le temps d’exposer simplement des existences sans début ni fin – c’est le destin de toute chose qu’il nous invite à découvrir dans la douceur d’un désert fantasmagorique.
→ Quantième Art