Le mot Derviche tiendrait son origine du vocable persan درويش, derviš, qui signifit Pauvre, mendiant. En un sens le derviche est tel le sannyasin Hindoue, un rennonçant qui s'appliquant à suivre une méthode, la Tarîqa, entre consciemment dans le denuement volontaire, pour vivre une ascèse à la grace de Dieu.

Bab signifie souvent porte et Aziz le cher, l'aimé et le puissant.

Bab'Aziz, est un vieilard, derviche aveugle, il est accompagné de sa toute jeune petite fille, Ishtar ..Tout deux cheminent en devisant au mileu d'un ocean de sable .

Ishtar l'enfant est le guide, les yeux de Bab' aziz le sage aveugle.

Tous deux sont indispensbales l'un pour l'autre. Nos deux protagonistes se dirigent vers un lieu, qu'ils ne connaissent même pas encore eux même, un lieu saint et sacré, au coeur caché du désert, où se tient chaque 30 ans, le grand rassemblement des dervcihes en tous genres.

Trouver ce lieu c'est se laisser trouver et on ne peut le voir "qu'avec le coeur l'essentiel étant invisible pour les yeux ", chacun devient guide l'un pour l'autre.

Au fond ils se dirigent vers un lieu ésotérique, réservé aux initiés, aux coeurs purs et doux, à ceux qui ont une grande foi, un grand amour.

Ils leur faudra être attentifs et sans doute, mériter qu'on leur indique le lieu de ce rassemblement.

En cheminant, nos protagonistes, rencontreront d'autre personnages atypiques, comme sortis de nul part, si ça n'est de la lampe d'un génie, leur narrant à leur tour d'autres contes.

C'est ici comme au coeur des 1001 nuits, un conte dans une mise en abime de contes, aux doux parfums de jasmin et de roses d'orient.

Quelquefois le lieu de destination est le lieu de la fin, comme de l'arrivée, car fatalement un nouveau point de départ.

Bien sur il ne s'agit pas d'un road movie et les passants souvent préssés, devraient en être informés, afin de ne pas souffrir, d'un des aspects fabuleux du conte, qui est l'endormissement.

On savoure avec ce film le temps de prendre le temps, c'est un Rêve soufi, qui nous parle de transmission orale, de générationnel, d'héritage, de relation de coeur à coeur, d'éloge à la beauté, de rencontre à l'amour et même du désir.

Mais aussi de l'autre comme nous mêmes.

Le film est tourné en Iran, au coeur même donc des déserts de la Perse ancienne,

les lumieres, couleurs, sont superbes, la photographie subtile.

La bande originale de toute beauté et volupté, est signée Armand kemar, il est tout naturel qu'une telle musique, parsemée d'humbles envolées au duduk de Levon Minassian, fasse elle aussi partie intégrante du décors .

Au sujet de "Nacer Khémir , Tunisen, il est d’abord conteur, il a réalisé trois longs-métrages que l'on ne saurait que trop conseiller :

Son premier film, " Les Baliseurs du désert ", et le superbe " Le Collier perdu de la colombe ", aucun de ces deux films n'a pu être distribué et voir le jour en son propre pays. Leur notoriété, bien que discrete, s'est faites donc ailleurs.

Pour moi il s'agit de "la trilogie Nacer Kémir", tant ils sont liés, reliés entre eux.

Films d'une trés grande beauté certes, mais aussi de Clarté.

""En 1990, je crois, ma soeur m'a envoyé une carte postale représentant une assiette. Il y était dessiné un prince contemplant son âme avec un cheval derrière lui. C'est une assiette très connue. Elle a été réalisée à Kashan en Iran. Lors de la première semaine de tournage, je me suis réveillé très tôt le matin, après deux heures de sommeil. Je suis allé marcher dans Kashan, et me suis rappelé que cette assiette provenait de cet endroit. Me voilà donc huit siècles après à suivre les pas de cet artiste qui a réalisé cette assiette racontant la mystique de ce prince. Parce que contempler son visage, c'est le principe de Narcisse, c'est tout l'Occident, alors que contempler son âme, c'est contempler l'absent, l'invisible. C'est ce que propose le film, ce qu'il donne comme sentiment, une sorte de plénitude, un sentiment de paix. Parce qu'il contribue à réduire l'ego de celui qui regarde. Contempler son visage c'est l'ego et contempler son âme c'est enlever l'ego. Parce que l'âme, c'est le monde, c'est l'univers, et c'est un peu ça l'acte mystique." Nacer Khémir

Ikkyu
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le 13 août 2023

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