Un film ambitionnant de réussir l'accouplement de Reservoir Dogs avec Fast and Furious se devait d'être particulièrement bien monté.
C'est, nul doute possible, l'atout principal de Baby Driver, où le spectateur va se retrouvé plongé dans l'omniprésence outrancière de la musique qui rythme la vie du très mutique (en tout cas nous le présente-t-on ainsi) Baby.
Petit aparté (oui, déjà) : je ne sais pas si c'était spécifique à notre UGC ou le résultat d'un choix de mixage, mais le son était horriblement fort, et cela allait par moments jusqu'à être vraiment gênant pour ne pas dire douloureux.
Or donc, visuellement l'ensemble se tient bien, et il est stimulant et impressionnant de suivre la synchronisation entre la rythmique des chansons et les événements de la "vie réelle" entourant Baby, ainsi que les paroles de chanson ou autres indices visuels de leurs thématiques disséminés ici et là.
Les courses de voitures tiennent relativement leurs promesses, même si l'on regrette qu'elles soient peut-être un peu trop souvent interrompues de façon prématurée, quand l'immersion commence à prendre.
C'est finalement la course à pied qui est sans doute la plus réussie, intense et fluide.
J'entendais récemment en interview Benoît Poelvoorde affirmer que, selon lui, si à l'époque de C'est arrivé près de chez vous, ils avaient eu avec Rémy Belvaux la moindre idée d'être en train de réaliser un film profondément subversif, ils n'auraient jamais réussi à le faire.
Je suis profondément convaincu qu'Edgar Wright est exactement tombé dans ce piège. À l'opposé du très frais Shaun of the Dead, premier gros long-métrage du réal, Baby Driver est très, trop, poseur, et on n'a guère de doute sur le fait que le cinéaste se savait en train de pondre un film "cool".
Des séquences clipesques à la B.O. tarantinesque, Baby Driver est une bande-annonce de presque deux heures, un GTA en live movie, un Drive survitaminé et bodybuildé.
En cela, il peine à réellement affirmer son identité, et se heurte aux murs érigés par de plus ou moins illustres aînés, que ce soient les films de braquage ou les films de grosses tutures.
La formule fonctionne ceci dit correctement, et parvient sans difficulté à nous divertir, exploit déjà remarquable en une période estivale très avare d'œuvres regardables (bon sang, plus d'un mois sans utiliser la carte illimitée, quelle hérésie, et quelle pénurie...).
Reste qu'avec un sous-Miles Teller et une sous-Shailene Woodley sensés tenir la baraque, heureusement que des seconds rôles charismatiques sont là pour amener un peu de relief à une péloche certes péchue et gavée de numérique, mais manquant cruellement d'écriture et de subtilité.
Vous sortirez sûrement de la salle de bonne humeur, si toutefois vous y entrez sans trop d'attentes concernant le scénario et les personnages.
Baby Driver est un film qui fait vroum vroum, et le fait bien, mais il ne faut pas lui en demander davantage.