De Damien Chazelle, je n'ai pas encore rattrapé "Lalaland" ni "First Man" (mais qui avait moins marqué les esprits il me semble) et n'ai donc vu pour l'instant que "Whiplash". Je ne partageai donc pas la hype de beaucoup de spectateurs puisque je ne suis pas un fan de l'univers du réalisateur, que je ne connais donc que très peu, et je ne m'attendais donc à rien ! En revanche, l'affiche et le casting sont plutôt engageants, de même que le synopsis d'ailleurs. Le film retrace en effet le passage du muet au parlant tout en s'intéressant au mode de vie plutôt déluré des stars de l'époque et de leur difficulté à passer du muet au parlant. On est donc clairement ici dans "Chantons sous la pluie", dont la référence est d'ailleurs complètement assumée (avec de nombreux clins d’œil mais également carrément avec des passages du film, passages qui s'incorporent parfaitement dans l'intrigue et ne sont pas là juste histoire d'être là), plongé dans l'univers de Tarantino et notamment évidemment celui de "Once Upon a Time... in Hollywood". On pourra dire ce qu'on veut mais la comparaison est inévitable et va d'ailleurs sûrement ressortir dans de nombreuses critiques ! Le film traite effectivement du même milieu mais quelques décennies plus tôt, a le même ton provocateur et insolent mais comporte également le même casting, enfin du moins Brad Pitt et Margot Robbie. Qui incarnent certes des personnages complètement différents mais qui sont tout de même là ! Pour autant, je n'ai pas eu l'impression d'assister à une redite ni à une pâle copie du film de Tarantino. Effectivement, même si on garde ce côté insolent (et le ton est d'ailleurs donné dès la très longue - mais excellente - scène introduction qui est la fête dans laquelle tout est permis), les univers des réalisateurs sont malgré tout assez différents, et notamment car les références ne sont pas les mêmes. On voit très clairement dans les deux films que Tarantino et Chazelle tentent avant tout de rendre un immense hommage au cinéma en déballant leur amour envers ce dernier mais ils ont une manière très différente de le mettre en scène. Et j'ai particulièrement apprécié ici toute la dernière séquence (à partir du moment où Manny rentre dans le cinéma) qui est magistrale. Alors oui, on pourra dire que c'est facile, que Chazelle se regarde le nombril etc. et ce qui n'est pas faux du tout mais j'ai tout de même complètement adhéré ! De même que la scène d'introduction, tout le début du film est excellent. on découvre en même temps que les personnages (surtout Manny et Nellie) les conditions de tournage très particulières du muet, ce qui donne lieu à des scènes complètement jouissives dans lesquelles le réalisateur s'éclate sur la mise en scène, le montage et le bruitage. Le réalisateur s'intéresse d'ailleurs énormément au son, puisque c'est le thème de son film, notamment avec des scènes complètement dépourvues de son, nous mettant alors dans la peau d'un spectateur de l'époque, regardant un film muet. Le réalisateur adore par ailleurs créer un effet miroir avec nous mais également avec le projecteur, filmant assez souvent une salle, prenant le temps de s'intéresser à chaque spectateur ou même à la lumière du projecteur, ce qui créer, encore une fois, cet effet miroir. Et c'est très bien géré car ça en est presque dérangeant. En tant que spectateurs, nous sommes en effet voyeuristes de ce qui se passe à l'écran ; presque poussé par des pulsions scopiques, nous sommes dans le noir et nous observons tranquillement les personnages principaux. Puis lorsque le réalisateur filme ces spectateurs, il brise presque le quatrième mur en nous donnant l'impression qu'il nous filme nous. Je trouve malheureusement que le film possède un petit ventre mou, c'est quelques fois relativement lent et puis surtout, le film part à un moment donné dans un tout autre délire le temps d'une grosse séquence (je pense que les spectateurs ayant vu le film seront de quelle série de scènes je parle). C'est une séquence qui rentre complètement dans le délire quelques fois perché du film mais qui, paradoxalement, nous sort un peu de l'univers, ce qui est bien dommage ! Comme je l'ai dit précédemment, le réalisateur s'éclate concernant la mise en scène en nous livrant des plans tantôt ingénieux, tantôt magnifiques. Concernant les acteurs, nous retiendrons particulièrement Brad Pitt, Margot Robbie et Diego Calva qui sont très bons. On retiendra également l'excellente B.O. de Justin Hurwitz qui vient notamment rythmer les excellentes scènes de fête. Je suis donc complètement tombé sous le charme de "Babylon" qui aborde cette époque du passage du muet au sonore avec autant de comique que de drame, qui peut même parfois virer au mélo, à l'horreur et bien-sûr au politiquement incorrect.