L'avènement de l'air du streaming qui persiste depuis plusieurs années et la politique de création à la chaîne poussent certains producteurs à se pencher sur les révolutions cinématographiques d'antan.
(Les spoilers sont de mise)
Dans son film, Chazelle nous fait part de son amour pour le muet qui se voit disparaître petit à petit à la fin des années 20.
Il entame le début du long métrage par la présentation des personnages principaux étant ni plus ni moins qu'une orgie où overdoses, sexe et un éléphant prennent place dans la maison bondée du riche producteur Don Wallach donnant parfaitement le ton du film où, comme pour les acteur lors du tournage, la fête ne s'arrête jamais. Jack Conrad est une vedette sur sa phase descendante, enchaînant rapidement tout aussi bien les rôles que les relations superficielles. Nellie Laroy est une actrice vulgaire qui voit sa carrière décoller grâce à une à proposition miraculeuse de l'interprétation du rôle de l' "enfant sauvage", un statut qui lui fera défaut quelques temps après. Pour finir Manuel Torres (interprété par la remarquable révélation Diego Calva) est un mexicain arrivé aux États-Unis à 12 ans, débordant de détermination enchaînant les boulots de bas-étage mais qui possédera avec mérite le statut de réalisateur. Ces 3 personnages dont on suit l'histoire (rejoins peu après par Sidney Palmer) ont pour caractéristique commune de mesurer la grandeur de l'art cinématographique et son destin.
Dans un pays dirigé par la corruption des hommes aux dents jaunes et l'entre-soi de l'aristocratie, le cinéma est le moyen idéal pour rappeler aux millions de spectateurs qu'il ne sont pas seuls.
Babylon est une apologie parfaite de l'histoire du cinéma et de ceux qui l'ont forgé. Je parle "d'apologie parfaite" car selon moi il n'existe pas de meilleur moyen de rendre hommage au 7e art que de tout simplement créer une œuvre de cet art, avec tout ce qu'il lui a appris de meilleur. Tout ce qu'il décrit dans son film est en même temps tout ce qu'il utilise pour le créer, un mix du savoir cinématographique pour proposer la meilleure version d'un film qui rend hommage au cinéma, et à qui le cinéma rend hommage (et ce malgré les avis divergents). Une ode qui inclut de plus les acteurs qui, malgré une absence d'expérience totale ou encore une bouteille entière de whisky consommée, sortent dans la seconde qui suit une performance hors du commun les menant aux plus grands succès.
Damien Chazelle livre ici un message directement de cinéphile à cinéphile, un amour du cinéma universel transcendant l'écran et nous affectant tous. Certes nous sommes les cafards survivants de cette maison en flamme, mais nous sommes aussi et surtout des cafards qui ressuscitent ceux qui ont été un jour sous les projecteurs, qui ont fait rêver et entreprendre les générations suivantes, qui ont rendu ce que nous pouvons contempler aujourd'hui.
Il s'agit de 3h08 de couleurs, de décors, d'acting, de scènes et de musique tout aussi délicieux les uns que les autres. Au Maximus de Gladiator hurlant "Are you not entertain ?, le spectateur répond "Much more than you can imagine"
Le réalisateur signe une fois de plus une œuvre multi-générationelle inscrite sans prétention dans la liste des Grands films nous rappelant de nombreux aspects importants qui ont traversé le temps. Je choisirai particulièrement celui-ci : Ainsi que Jack et Nellie, dansez, dansez jusqu'à la fin, dansez encore.