En ce moment, ils sont nombreux les réalisateurs à travailler la mémoire américaine d'une manière plus ou moins personnelle, de "Once Upon a Time... in Hollywood" à "Babylon" en passant par le plus réussi, à mon goût, "Licorice Pizza" de P.T.A. Il y a même eu, en un sens, le très bon "Armaggedon Time", plus européen mais tout aussi intelligent que celui de P.T.A.
De manière générale les films réfléxifs sont abondants et sont dissiminés dans toute son histoire : Donen, Truffaut, Wilder, Allen, Assayas,... bref c'est un terrain fertile et pourtant assez miné.
Il m'a semblé que "Babylon" a tout voulu : du grand spectacle, une réflexion sur l'industrie, de l'émotion, de la nouveauté, mais sans avoir une construction qui permette de trouver une cohérence, mais un dégueulis assez amer.
Déjà, la question du regard est problématique, il pose le sien sur le faste hollywoodien comme s'il s'agissait d'un péplum, la mythologie l'arrange, c'est une naïveté à mon sens. On dirait qu'il a vu dans "Hollywood Babylon" une mine d'or et pour faire film, y a plongé divers personnages dont la plupart ont déjà été traités, et en mieux. J'ai l'impression que ses protagonistes sont les pantins d'un scénariste, qu'ils avancent uniquement pour le bien du film, hormi peut-être B. Pitt dont le personnage est une réplique masculine de Gloria Swanson dans "Sunset Boulevard". Où est la création?
C'est un fatras avec une touche de ce qui est censé être subversif : l'auto-anthropophagie, la merde (coucou "Sans filtre"), les trous (de trompette, humains), la drogue, tout est éculé. Et plutôt que de partir d'une période au combien intéressante en laissant vaquer un imaginaire, et qui sait de se départir d'une certaine frontalité pour unir cette Histoire à la sienne, il choisit la posture d'un film-monstre de la grandeur et la déchéance de stars. Son film est non seulement brouillon mais sans invention. On a le droit à un film trompe-l'oeil en ceci que son sujet et sa mégalomanie, son rythme effréné et ses moyens, nous laissent supposer que c'est un grand film sur Hollywood, parce que spectaculaire. Que nenni, c'est spectaculaire, mais je n'ai éprouvé aucune émotion à voir s'agiter ça, tout m'a parut futile jusqu'à une fin qui est au film ce que les violons sont aux larmes, une facilité.
C'est malgré tout une entreprise qui ne manque pas d'intérêt et d'ambition mais l'ambition, comme tout sujet, ne fait pas un bon film. Tout le monde peut rater. On se perd dans le fatras, on ne sait pas sur quel pied il a voulu danser. La bande originale m'a plu, excepté cette citation de La La Land (qui revient aussi à l'image...). C'est parce qu'ils s'écartent d'un système déjà vu mille fois que les meilleurs réalisateurs trouvent dans un fragment d'une période ou d'un art quelque chose qui leur est personnel. Là, c'est le contraire, tout montrer pour ne rien voir.