Décrire ce qu'est Babylon est quelque chose de difficile. Mais après visionnage, je pourrais dire que c'est une expérience de cinéma "totale". J'ai d'ailleurs eu du mal à savoir où la dernière œuvre de Damien Chazelle voulait m'emmener au départ. Un film qui parle du cinéma, certes, notamment de la difficile période du passage du cinéma muet au cinéma parlant. Les espoirs, la gloire, puis la chute des stars d'alors, le cycle infernal des débuts d'Hollywood où tout , absolument tout était permis. Une époque où toutes les folies, tous les excès, prenaient place. Où on pouvait se faire embaucher du jour au lendemain sur un tournage, pour peu qu'on sache se faire remarquer ou tomber sur la bonne personne... Une époque où la célébrité pouvait vous tomber dessus sans prévenir, mais la chute pouvait être tout aussi brutale. Chazelle souligne d'ailleurs que l'arrivée d cinéma parlant a ruiné la carrière de beaucoup de stars du muet. On se laisse happer par les aventures de Jack Conrad, Manuel et surtout, Nelly LaRoy, interprétée par Margot Robbie. Cette dernière sublime le film par son dynamisme, sa joie, ses peines... Le spectateur, lui, se sent un peu comme Manuel, un peu désemparé, mais parvenant à prendre le pli et à comprendre mieux le film et les rouages du système -pour peu qu'il accroche- . Jack Conrad, lui, est LA Star et Brad Pitt fait à merveille le m'as-tu-vu.
Mais Chazelle nous fait également comprendre que depuis le siècle dernier, rien n'a changé sur ce plan : les stars d'aujourd'hui peuvent devenir has-been en un rien de temps. Une mise en abyme bienvenue, subtile, mais bien trouvée. Il faut dire que la période décrite s'y prête.
Porté par de bons acteurs, bourré de références dans le scénario, et une excellente musique -parfois un peu trop tonitruante- c'est un bon film dans ce qu'il développe, mais aussi dans ce qu'il propose : certains plans sont absolument dingues, que ce soit dans la manière de filmer ou au niveau visuel. Scènes dans une scène, personnages dans le cadre, caméra à l'épaule, on sent que le réalisateur s'amuse beaucoup. Le spectateur aussi, de plus l'humour ne manque pas.
Je n'ai pas vu le temps passer, malgré quelques longueurs, et une fin qui s'éternise mais qui en quelque sorte " boucle la boucle" . Un film "total", même dans ses excès. Là dessus, tout le monde n'accrochera pas. La débauche des fêtes-"orgies" serait un terme plus approprié- pourra parfois sembler d'une vulgarité sans nom, menant jusqu'au malaise du spectateur. C'est peut-être là son point faible, avec quelques séquences insoutenables pour un public sensible, sa volonté d'être tout, jusqu'à l'excès. Je n'irai pas à dire qu'il est boursoufflé, mais "éléphantesque", très certainement, sa durée, 3h 09, en témoigne. Il fallait tout ça pour nous conter ces trois histoires. Est-il déjà le film de l'année ? Je ne pense pas. Il n'empêche que Babylon est tout de même une une excellente raison, pour moi, d'aller au cinéma en ce début 2023.