Damien Chazelle a beau être un excellent réalisateur doublé d’un chef d’orchestre audacieux, s’attaquer à Hollywood période des années folles n’est pas chose aisée.
Effectivement le sujet a déjà été rebattu maintes fois et il est aussi hautement inflammable que la pellicule 35mm. De plus, à trop regarder dans la mise en abyme, il est aisé de tomber au fond.
« Babylon » s’attaque au mythe par la face Sud, celle des excès et des soirées décadentes où il en faut toujours plus. Au cinéma comme pour la drogue, si elle est bonne, rien ne vaudra jamais la première prise. Toute autre tentative sera vaine (ou veine c’est selon).
Si vous êtes excité à l’idée d’aller voir le film, vous allez le voir dans le bon état d’esprit, c’est parti pour des heures de montagnes Russes, entre boost énergisant de la cocaïne et énorme gueule de bois du lendemain, le film secoue fortement.
Margot Robbie est une pile qui semble ne jamais pouvoir se décharger, Brad Pitt est un puit d’alcool sans fond, tous deux brillent dans le désert de LA qui est en train de se développer et qui deviendra la mégalopole que l’on connait. Si la ville pousse comme un champignon hallucinogène, ça sera au prix de considérables dégâts humains.
Damien examine la naissance d'une forme d'art, doublée d'une industrie prête à tout pour toucher la plus large audience. Ce qui frappe le plus est le contraste entre le chaos sonore qui entoure la réalisation des films muets et le silence absolu des premiers films parlants.
Ce virement majeur, comme ceux qui surviendront ensuite, laissent pas mal d’acteurs sur le carreau.
Damien livre un hommage sans flatterie qui en dit beaucoup plus que le burlesque affiché, même s’il y a fort à parier que la plupart des spectateurs ne retiendrons que la surenchère de cette fresque aussi flamboyante que démesurée.
L’usine à rêve qui procure un bonheur assez unique aux spectateurs comporte un revers à la médaille et il n’est pas du tout glamour. Le septième art sait tirer le meilleur du pire et finalement, il a la capacité de survivre à ceux qui le produise même après être passé de la grandeur à la décadence.