Je crois que les français sont les premiers à casser du sucre sur le dos de la comédie française (le genre hein, pas l'institution, encore que cela ne fasse pas une grande différence), mais en réalité je pense que l'on peut se considérer très bons dans le style, voire même fulgurants par moment, tant que l'on arrive à éloigner Frank Dubosc ou Michael Youn des plateaux de tournages. Ce qui est rageant finalement avec Babysitting, c'est que le film aurait pu être de ce tonneau-là (celui de la fulgurance), s'il ne s'était pas pris les pieds dans le tapis avec des passages "obligés" mièvres et totalement dispensables. Ce qui est doublement rageant, c'est que les mêmes défauts ont été cités au sujet de Paris à tout Prix, précédent scénario de Philippe Lacheau, ce qui me fait penser que le gars n'apprend pas de ses erreurs (ou alors très lentement).
Ne vous y trompez pas cependant, malgré l'overdose de bons sentiments consensuels et déplacés cette comédie mérite amplement le coup d'œil. Sans être ce que l'on verra de mieux dans le registre cette année au cinéma (il reste encore une poignée de mois au tandem Toledano/Nakache pour sortir leur prochain film), Babysitting arrive malgré tout à nous faire rire, rire franchement et pas si grassement que l'on aurait pu le craindre au premier abord. Déjà parce qu'il y a des gags très drôles et mine de rien plutôt élaborés (deux reviennent régulièrement en tête, forcément, les références à Mario Kart et Up! sont excellentes pour le coup), parce que les acteurs sont dans l'ensemble très bons et arrivent à compenser les quelques faiblesses d'écriture qui parsèment le script, et surtout parce que le film fait preuve d'une grande inventivité dans sa mise en scène et son montage, au point d'être l'un des rares (uniques ?) exemples pertinents d'utilisation du found footage.
C'est drôle, vif, parfois même survolté (la poursuite avec les flics), vous auriez donc tort de ne pas donner sa chance au film, c'est juste triplement dommage que le film s'embourbe dans un arc narratif franchement médiocre (le rapport entre Rémy et son père), ce qui occasionne un milieu de métrage un peu mou (le passage à la Fête des Loges) et surtout une fin insupportable de mièvrerie. On ne demande pourtant pas de faire preuve d'un cynisme implacable dans ce genre de situation, mais il y a un juste milieu, un peu de second degré n'a jamais tué personne. La preuve.