Il faut avouer que par chez nous en France, la comédie potache ce n'est pas vraiment notre fort, et c'est peu le cas de le dire.
Rappelez-vous, pour concurrencer les ricains et leurs American Pie et Cie, on avait lancé dans l'arène des salles obscures, les piteux Sexy Boys, Lol, ou encore le passable - pour être poli - Les Beaux Gosses.
Autant le dire tout de suite, même si les efforts étaient louables, tout cet amas de pellicule était très loin d'incarner une concurrence des plus attractive.
Alors imaginez nos têtes à l'annonce de Babysitting premier du nom, que l'on vendait ridiculement dès le départ, comme un Projet X à la française - usage du (trop) populaire found-footage à la clé.
On tirait salement la gueule et on ne misait pas un euro dessus, et pourtant, on était sacrément fan depuis belle lurette de la Bande à Fifi qui, quelques années après leur départ du Grand Journal de Canal, nous manquait (et nous manque toujours) indéniablement, tout autant à nous qu'au paysage de l'humour audiovisuel.
Bien mal nous en aura pris donc, puisque la péloche fut l'une des comédies les plus drôles, référencées et jouissives de l'année ciné 2014.
Une soirée babysitting qui dérape (cf Nuits de Folies) en teuf délire et incontrôlable filmée en caméra embarquée (cf Projet X), suivi d'une after ou l'on essaye tant bien que mal de recoller toutes les pièces du puzzle qu'incarne ce gros dérapage (cf Very Bad Trip), le tout dans un ton qui rappelle joliment les comédies ricaines des 80's magnifié par feu le regretté John Hugues (Risky Business et Une Créature de Rêve en tête), si Babysitting ne pétait pas dans la soie de l'originalité - The Sitter avec Jonah Hill est sensiblement proche, quoique plus pimenté -, il restait tout du long porté par une passion communicative pour l'éclate et un savoir-faire indéniable en terme de divertissement foutraque et extrême.
Du jamais vu dans l'hexagone, qui nous faisait saliver d'avance à l'idée d'en découvrir une suite qui n'a finalement pas mis si longtemps à se mettre en route, puisqu'à peine un an et demi après, Babysitting 2 débarque dans les salles obscures avec la même envie d'offrir un vrai moment de cinéma décomplexé et délirant, tout en cherchant également à faire finir l'année en beauté à une comédie made in France dont le premier opus a grandement aidé au renouveau.
Avec la même équipe de bras cassé ou presque (côté caution humoristique de luxe, Christian Clavier remplace Gérard Jugnot), la même manière de filmer mais avec un nouveau délire dans les bagages, le duo Philippe Lacheau/Nicolas Benamou - déjà en charge sur Babysitting -, nous conte les nouvelles aventures de Franck, dont la petite-amie la jolie Sonia, souhaite qu'il rencontre son paternel, Jean-Pierre directeur d’un hôtel écologique au Brésil aussi autoritaire qu'il est méchamment protecteur envers sa progéniture.
Toute la bande s’y retrouve ainsi pour y passer des vacances de rêve. Un matin, les garçons partent en excursion dans la forêt amazonienne. Jean-Pierre leur confie sa mère acariâtre Yolande. Mais le lendemain, ils ont tous disparu…
On a juste retrouvé la petite caméra avec laquelle ils étaient partis. Sonia et son père vont regarder cette vidéo pour retrouver leur trace…
Reprenant au pied de la lettre la loi du " bigger and better " inhérente à toute suite simpliste tout en s'attachant à suivre la même ligne directrice mi-hommage aux péloches cultes, mi-road trip survolté, Babysitting 2 est un gros défouloir de la déconne complétement assumé (jusque de ses nombreuses références flairant bon le déjà-vu), bourré jusqu'à la gueule de vannes délirantes et de situations partant en quéquette à la vitesse de la lumière dans un rythme effréné - on ne dépasse d'ailleurs pas les quatre-vingt minutes de bobines - ou (presque) tout peut arriver.
Vrai film d'aventure et de potes dans un cadre idyllique qui évite intelligemment l'effet de redite (même si le schéma scénaristique reste intimement le même), cette séquelle - toujours follement biberonné au cinéma bénie des 80's -, s'inscrit cette fois dans la droite lignée des divertissements français cultes (Les Bronzés) et non plus ricains (même si l'on pense parfois, évidemment, à Indiana Jones - toute propension gardée - ou encore A la Poursuite du Diamant Vert), tout en leur offrant une relecture moderne (la réalisation en Go-Pro, les références nombreuses à Jackass que ce soit par le biais de quelques cascades " lives " ou la grand mère acariâtre proche du Bad Grandpa de Johnny Knoxville) des plus salutaire.
Alors certes, si la gimmick du found-footage, encore une fois soignée, perd parfois en crédibilité et que quelques coupures nuisent à la dynamique survolté du montage (surtout dans la seconde partie), Philippe Lacheau et Nicolas Benamou s'échinent toujours autant à offrir à son spectateur une expérience immersive efficace et motivé par une réelle inspiration créative.
Irrévérencieux, rafraichissant et de nouveau porté par une pluie de personnages attachants (mieux, les ajouts Jérôme Commandeur et Valérie Karsenti sont excellents tandis que Christian Clavier apporte, logiquement, tout son talent et son génie dans la peau du futur beau-père); Babysitting 2 égale la folle et inattendue réussite du premier film et incarne ce que la comédie française nous a offert de mieux cette année avec les excellents les excellents Papa ou Maman, Caprice et Lolo.
Du pur cinéma fun et jubilatoire, a tel point qu'on en redemanderait presque une troisième fournée, si possible dans les plus bref délais...
Jonathan Chevrier
http://fuckingcinephiles.blogspot.com/2015/11/critique-babysitting-2.html