Ce troisième film confirme ce que les deux premiers (donc Nouvelle Donne et Oslo, 31 août !) disent de l'univers de Joachim Trier, à savoir qu'il est attiré vers les thématiques de la dépression et des pulsions de mort. Et ce ne sont pas une traversée de l'Atlantique et le remplacement de la langue d'Ibsen par celle de Shakespeare qui vont changer cet état de fait. Au contraire, rien de telle qu'une cellule familiale traumatisée par la disparition de la mère et une incommutabilité entre les membres restants pour que ces sujets s'épanouissent.


Bon, j'ai apprécié les quelques pointes d'humour très discrètes lorsque le plus jeune des fils endeuillés se retrouve en compagnie de la fille de son lycée dont il est amoureux ou quand le paternel essaye de nouer un contact anonyme avec ce même fils en essayant d'aller dans un des refuges de celui-ci, le jeu vidéo. Je ne spoile pas évidemment. Je vous laisse découvrir par vous-même.


Le reste se complaît peut-être un peu trop à se plonger dans les affres les plus profondes de la douleur avec une sorte de complaisance qui peut-être gênante, en faisant tout pour que les personnages s'y enfoncent au maximum par l'amertume ; celle-ci ne semblant être la seule attitude à adopter pour tout le monde. Heureusement, les dernières minutes marquent quelques points, notamment dans le comportement du cadet, étonnamment le plus susceptible de prendre les choses avec maturité en acceptant la réalité.


D'ailleurs, j'ai beaucoup parlé du cadet, mais peu de l’aîné. Ben, c'est qu'il est un peu sacrifié par rapport à son frère et à son père point de vue durée. Il aurait été intéressant de plus l'approfondir. En bref, de plus le voir, d'autant plus que ses scènes sont réussies (je vais y revenir !).


Mais pour en revenir aux qualités qui font quand même pencher la balance positivement, Trier est très fort pour donner par-ci par-là des séquences qui touchent par leur justesse, à peindre un sentiment, une attitude, une atmosphère. J'ai déjà parlé de celles avec un humour discret, mais il y a aussi par exemple cette conversation au bord du terrain de basket du lycée entre les deux frères, le plus vieux ne pouvant pas s'empêcher de mettre un peu de condescendance dans sa bienveillance envers son frangin ou la rencontre dans les couloirs de l’hôpital sous l'égide du hasard entre l’aîné, dont l'épouse vient d'accoucher, et son ex, dont la mère est malade d'un cancer. À tout cela, un jeu d'acteurs impeccable (mention spéciale à Devin Druid !) achève d'insuffler ces moments forts à un ensemble inévitablement composite (par les vies bien séparées de personnages qui n'arrivent pas à se rapprocher !) inégal, mais globalement bien géré.

Plume231
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le 4 oct. 2021

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