Quand Ron Howard s'attelle à souligner le courage des pompiers, on peut s'attendre à ce qu'il le surligne à la place. Le bonhomme fait feu de tout bois, parfois même il s'enflamme. Sous chaque uniforme ignifugé, il y a un petit coeur qui bat. Voilà peu ou prou ce que Ron tente de nous dire. Pour autant, vous laisserez-vous charmer par le chant des sirènes ?
Un staff sévèrement burné
La véritable star du film, c'est le feu. Il faut dire qu'Industrial Light and Magic est aux commandes des SFX et le résultat est saisissant. Les effets pyrotechniques sont incroyablement maîtrisés, pour un rendu "bigger than life". L'équipe technique s'est littéralement retrouvée au coeur des flammes pour produire des images d'un réalisme et d'une intensité rares. Difficile de trouver un ordre de budget sur le net, toujours est-il que même avec Ron Howard en lieu et place de Tony Scott aux commandes, on assiste bien probablement à une manne on fire.
Pour le reste, ce film transpire les années 90: les coupes de cheveux "pas si pires que celles des 80's mais c’est pas encore ça quand même". La bande son (du Zimmer reconnaissable mais ne souffrant pas encore trop du "syndrome de la grandiloquence"). Les petites répliques qui vont bien. L'histoire qui débute par un drame et s'enchaîne avec le "20 ans plus tard" de rigueur. Et puis la manière dont les personnages évoluent, ou stagnent, pour la plupart. Des surnoms à la pelle, bien à l'américaine (Bull, Axe, Shadow…). Et une distribution qui envoie le pâté.
Embrasez qui vous voudrez
Kurt Russell en badass de service un brin suicidaire. Véritable Raging Bull parmi les pompiers de Chicago. Pendant ce temps, De Niro est un enquêteur charismatique, comme souvent sa prestation est impeccable. Et puis sous son look gentillet et sa moustache, ce bon vieux Donald trompe. Totalement halluciné en plus d'être assez terrifiant, il nous fait réaliser qu'en matière de cinoche, il n'y a pas qu'un Sutherland à kiffer. Scott Glenn est on ne peut plus juste lui aussi, une gueule comme on aime en voir au cinoche.
Last but least, il y a Ale...ah non Stephe..non plus, Adam..et merde ! Bref, le Baldwin qui sert à rien. Comment ça "y'en a plusieurs" ? Johnny Depp, Val Kilmer, Robert Downey Jr ou encore Brad Pitt ont successivement auditionné (puis refusé pour la plupart) le rôle de Brian (le perso joué par William et non Stephen Baldwin, sachant que Stephen dans le film c'est Kurt Russell, oh purée ce mindfuck sérieux...). Finalement, la star de "Se7en" (tu vois le Poivré, quand on veut être swag, pas besoin du "v" !) est partie tourner "Thelma et Louise". Peut-on vraiment lui en tenir rigueur ? "Oui", j'ai envie de dire. J'adore le film de Ridley, mais à cause de Pitt, on doit se coltiner un mec qui n'a aucun charisme et qui se fait bouffer à l'écran par le reste de la distribution. Pour sa défense, le casting est sacrément solide, ok, je vous l'accorde.
Derrière l'apparente niaiserie d'une fausse rivalité fraternelle se cache également une enquête qui sans être exceptionnelle distille les éléments de manière assez cohérente et rythmée. Tout s'enchaîne proprement jusqu'à cette fin qui dégouline de bons sentiments et d'une ambiance bien patriotique. Juste au cas où nous n'aurions pas encore compris les valeurs que le film véhiculait. Je n'aurais pas été contre une version raccourcie, parce que là, dans le genre "mais vas-y, regarde comme c'est triste, pleure !!!", le film se pose là. En somme, si comme moi vous redécouvrez "Backdraft" plus de 15 ans après le visionnage initial, vous prenez le risque de revoir la note à la baisse. De fait, gare au retour de flammes !
Arsonist *