« Nous sommes sous l'effet d'un puissant psychotrope ». Lâchée comme ça, cette phrase pourrait passer pour anodine. À vrai dire on ne verra pas vraiment les habitant de Bacurau planer. Mais la phrase résume tout l'ambition du film. Un mélange de plaisirs de film d'action de série z et d'engagement politique franc par une douce caricature.
Doucement mais surement le film procède par touche. Il suggère beaucoup. Peu d'histoire seront résolues, du premier enterrement à qui est la femme des premiers et derniers plans. Tout est là pour suggèrer un petit élément de la vie à Bacurau. Le mode de vie agricole, la vie de village, le style vestimentaire, la lutte politique, le rôle des homme et femmes, les américains full gadget persuadés de leur moral… À chaque fois en très peu de chose, en s'attardant sur des détails, le film arrive à nous faire prendre le tension de ce petit village et de leur enemis.
C'est là que le film est très fort. D'un côté il évite les métaphores lourdes, qui n'étaient pourtant pas loin. De l'autre, il se crée son petit style bien à part, très soft, presque dans le film auteurisantsans, en évitant de trop lorgner sur les référence au Western, à Tarantino ou à GTA—qui n'étaient pas loin non plus. Comme les habitants du village, le film se fait son style, son mode de vie. Toute la portée politique vient de l'opposition de deux style, caricaturés comme il faut. D'un côté les conquérants, bardé de technologie, sûrs de leur victoire, perdus dans leurs règles du jeu. Ce l'autre le bordel de village, avec ses problème d'eau et d'alcool, ses histoires de famille. La bonne caricature, de la parabole presque, distillée en douceur, avec une bonne dose de plaisirs régressif.
Et que c'est jouissif de voir des mecs au style improbable, à moitié sorti d'un jeu vidéo, à moitié sorti d'un club transgenre, foutre des clacs à un petit politicien verreux. Que c'est jouissif de voir des vieux à qui vivent à poil sous LSD, défoncer des 'ricain gun addict à coup d'énorme shotgun tenu en mode « plus gangsta que Tupac ». Que c'est jouissif de voir tout ce petit monde reprendre sa vie de village, avec DJ de quartier et citronnade de grand-mère, comme si de rien était.
C'est ça que raconte le film, une énergie à en renverser le système, une liberté de dingue et un style de malade, caché derrière une petite vie sobre et tranquille. C'est ça qu'on veut, non ?