N'oubliez pas que vous m'avez donné votre corps en garantie
Là où Locataires, du même Kim Ki Duk, nous présentait deux protagonistes presque muets, dans Bad Guy c'est l'acteur principal qui n'émettra quasiment aucune parole pendant toute la durée du film.
Toute la force de l'œuvre réside dans l'histoire d'attirance-répulsion entre Sunhwa et Han-gi. Les scènes sont d'une puissance visuelle extrêmement marquante, la photographie sublime les couleurs de Séoul la nuit, et la musique est tout simplement magnifique (pas réussi à la retrouver par contre, c'est assez frustrant).
Le personnage de Han-gi est interprété par un Cho Jae-Hyung absolument bouleversant dans sa solitude, sa souffrance, son mutisme, et surtout son amour on ne peut plus maladroit pour Sunhwa. Il rayonne dans chaque scène où il apparait, essentiellement grâce à son regard. Kim Ki Duk filme en effet les regards avec un talent impressionnant. Ce sont certainement les images que l'on retiendra le plus de Bad Guy : ces jeux à travers le miroir sans teint. Han-gi est fasciné par la vision de Sunhwa, de près ou de loin, et c'est la raison pour laquelle il l'a enfermée dans sa cage tout sauf dorée.
Sunhwa, elle, est un animal perdu qui va accepter et embrasser son sort, dans une sorte de fatalité qu'on ne voit pas (plus ?) dans le cinéma occidental. Jusqu'à une fin assez étonnante, et pouvant être comprise de différentes manières.
Bad Guy est avant tout un film de sensations, un vrai film contemplatif. Et si vous êtes sensible à ce genre de cinéma, ce film vous plaira.