Filmé dans un New-York (Babylone ?) grouillant, survolté, sordide, d'arrière-cours douteuses et d'escaliers borgnes, de boites de strip tease et d'appartements de junkies, ce film est centré sur le personnage de Bad Lieutenant, littéralement habité par Harvey Keitel, que le spectateur va suivre pendant quelques jours et quelques nuits.
Quelques jours et quelques nuits de descente aux enfers, pour ce Lieutenant de police dont nous ne connaitrons jamais le nom : le personnage est et restera anonyme. Mais il va se livrer à une impressionnante série d'actes de dépravation, tous filmés avec un réalisme édifiant : alcool, drogues, sexe. Et jeux d'argent, pris que notre Lieutenant est dans une infernale spirale de paris sur le base-ball dans le cadre de la finale New-York Mets vs L.A Dodgers (faisant référence à la saison 1986 que les premiers gagnèrent à l'issue d'une fantastique remontée contre ...les Red Socks de Boston).
Et notre mauvais lieutenant va alors endosser un destin christique, qui n'est pas sans rappeler celui du prêtre du le roman de Graham Greene "La puissance et la gloire". Il donne sa vie pour sauver deux pécheurs. Les susdits n'y comprennent évidemment rien, mais, ravis de l'aubaine, ne se font pas prier. Et le lieutenant est tellement défoncé qu'on a du mal à déterminer si ses soudaines pulsions rédemptrices sont dues à sa conscience, ou bien s'il pète simplement un câble sous l'effet des substances qu'il ingère. Un peu des deux sans doute.
Toujours est-il que le tout est remarquablement réalisé et interprété, tenant le spectateur en haleine, mais lui laissant le doute et le questionnement. Rien n'est simple à Babylone.