Vous vous réjouissez tous (par milliers) infiniment de mon grand retour sur Senscritique et c'est bien normal. Il est bref ici. Je l'adresse à un film que j'ai rattrapé tard et qui ne m'a pas beaucoup plu, mais je lui laisse le bénéfice de sa cohérence : tout procède du rôle que compose Harvey Keitel, et tout s'y perd. Le film s'amorce comme une enquête et je l'y aurai volontiers suivi, mais ce ne fut pas la mission qu'il se donna.
Encore un film cauchemar. Mauvais songe éveillé où toutes les femmes se ressemblent, le regard se concentre sur ce qu’il veut parce que le foyer du plan se perd, et le héros ne regarde personne dans les yeux. Aucun personnage ne semble avoir un rôle défini autour du lieutenant. Personne ne donne son nom. On sent seulement : de la pitié, du dégoût, de l’intérêt, de l’indifférence. Le cadre reste droit, parallèle au réel, débrouillez-vous avec le petit champ de vision qu’il ordonne. Quelques effractions du mystique, mais trop tard, le lieutenant s’épuise, et couve sur lui un danger étrange qui capture tout le film. On échappe à ce qui fait la saveur d’un polar conscient de ses effets, comme ce père de famille passe à côté de la sérénité, cet enquêteur ne mène pas d’enquête. La violence se tamise dans le désintérêt d’un homme déjà mort. Coup de feu de loin, les passants ont du mal à comprendre ce qui s’est produit, doucement, sans bruit, on émerge à la surface de la fiction, et finalement : ça ne change pas grand chose.