Une professeure voit une sextape qu'elle a tourné avec son mari diffusée sur Internet. Les parents d'élèves et les institutions vont se réunir pour savoir si elle doit être radiée de son poste après la diffusion et le partage en ligne de cette vidéo.


Après les trois premières minutes, qui représentent la sextape en question, avec du sexe non simulé (d'où l'interdiction), le film en lui-même est découpé en trois parties.

La première montre cette professeure, jouée par Katia Pascariu, marcher dans les rues de Bucarest, faire ses courses, et elle va apprendre que sa sextape a été diffusée en ligne, sans qu'on ne sache trop comment, et qu'elle commence à paniquer sur les conséquences concernant sa vie personnelle et privée.

La deuxième concerne plus l'histoire de la Roumanie, ajoutée à des images pornographiques.

Quant à la dernière partie, il s'agit d'une sorte de tribunal populaire dans la cour de l'école où la directrice, des professeurs et des parents d'élèves sont réunis autour de cette femme pour savoir si elle doit être exclue.


A travers ce film, je pense que que le réalisateur Radu Jude interroge aussi son pays, près de trente ans après Ceausescu, ce qu'il en reste, et aussi interroger quelle est la véritable pornographie. Celle qui consiste en des actes sexuels ou de manière plus générale, l’obscénité ?

Car la première partie est dans ce sens-là : la visite de Bucarest à travers la marche que fait Katia Pascariu où nombreux sont les vestiges du passé, où des maisons sont encore détruites, ou bien la présence des publicités géantes tout le long de la ville. La suite est plus dans un hommage (in)conscient à Godard dans le sens où ce sont soit des photos, des courts extraits, ou même le tournage d'un petit porno (sur fond vert) où une jeune femme nue se fait poursuivre par un homme déguisé en porc.

Ce qui fait que je n'ai sans doute pas toutes les clés pour saisir l'histoire de la Roumanie, mais l'acmé est atteint avec le tribunal populaire à laquelle est assignée cette femme, et qui va se défendre non seulement pour elle mais contre l'hypocrisie générale des hommes et des femmes. Qui sont ceux qui critiquent en premier, mais regardent ce qu'ils dénoncent. A l'image de cette scène assez drôle où l'institutrice fait visionner aux personnes la sextape afin de remettre dans le contexte ... et ce sont les hommes qui se rapprochent de la tablette afin de la voir de plus près ! Le film dispose même de trois fins, nommées comme telles, où la dernière ressemble plus à un pétage de plomb. C'est parfois un peu lourdingue dans la description, et où le dictionnaire du symbolisme aurait pu moins servir.


Enfin, il ne faut surtout pas oublier que le film a été tourné pendant le Covid, et il y a cette sensation très étrange de voir une grande partie des acteurs et actrices qui portent un masque à l'image, qui essaient de respecter un tant soit peu les distances sociales. La pandémie a aussi son rôle à jouer dans l'histoire, celui du réalisateur (?) où les gens scandent fréquemment qu'ils ne sont pas des cobayes au moment de la diffusion des vaccins. Pour extrapoler, c'est aussi une lutte pour la liberté individuelle, celle dont la professeure incriminée s'en défend, car au fond, elle n'a pas fait de mal (la vidéo était sur des sites pour adultes) et les enfants ne pouvaient, et ne devaient pas tomber sur ça, principale défense qui va faire peut-être mouche.


Au final, même si le sujet a déjà été traité manière comique dans Sex Tape, avec Cameron Diaz et Jason Segel, Bad Luck Banging or Loony Porn est une critique en souterrain d'un pays, d'une façon de penser qui, même si elle ne réussit pas à chaque fois, interroge en ces temps où les réseaux sociaux ressemblent parfois à un tribunal.



Boubakar
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le 4 oct. 2022

Critique lue 73 fois

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Boubakar

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