J'imagine qu'il y a une petite vingtaine d'années, cela pouvait encore paraître gonflé et irrévérencieux de présenter un Père Noël odieux, alcoolo et porté sur la baise (Billy Bob Thornton, très à l'aise dans le registre comique).
Aujourd'hui, ce type d'humour n'a plus grand chose d'original et apparaît même assez convenu, surtout si les gags sont présentés tels quels, sans fioriture ni mise en scène spécifique. On se retrouve donc avec un humour plutôt réjouissant au départ, mais rapidement plat et répétitif.
Heureusement, les punchlines s'avèrent plus efficaces, avec un soin accordé aux dialogues, jalonnés de grossièretés et d'insultes diverses et variées (rappelons que les "gros mots" sont bipés sur la majorité des télés US, et que l'américain moyen se bidonne au ciné rien qu'en entendant les mot "fuck" et "shit" répétés ad nauseam).
Par ailleurs, "Bad Santa" marque des points dans un domaine moins attendu, celui de l'émotion : en effet, l'évolution psychologique de notre Père Noël désabusé va se faire par la rencontre d'un gamin obèse et un peu demeuré. Or ce bambin candide et mal dans sa peau se révèle étrangement touchant, permettant à "Bad santa" d'assumer sa nature de christmas movie (avec son lot de bons sentiments) de manière étonnamment digeste.
Associé à la présence parmi les premiers rôles d'un nain black (Tony Cox) en couple avec une asiatique siphonnée, le choix de ce gosse bouffi et quasi attardé confère à "Bad Santa" un aspect "défilé de freaks" qui n'est pas sans rappeler le cinéma généreux et déjanté des frères Farrelly.
Cette comédie de Noël aura vu plusieurs bonnes fées se pencher sur son berceau : les frères Coen à la production, John Requa et Glenn Ficarra à l'écriture, et Terry Zwigoff à la réalisation. De quoi susciter de grands espoirs, hélas un peu déçus à certains égards.
"Bad Santa" reste toutefois une honorable comédie de Noël, diffusant une bonne humeur générale et un certain mauvais esprit. Mais pour ma part je n'ai pas ri énormément.