Bon, là je vais pas me faire trop d'amis. Allant à l'encontre de la pensée générale, je considère désormais que "Bad Times" est un grand film. Oui, je le clame avec fierté, et même si c'est pûrement personnel, si ce n'est que subjectif, je vous invite à lire ma critique, histoire de comprendre, un tant soit peu, mon point de vue.
Cet article ne sera pas aisé à rédiger. Il me faut, encore plus que d'habitude, bien structurer ce que j'écris, et ne pas me tromper dans mes propos. Pour cela, je vous promets une certaine qualité. Commençons. Avant hier, je n'avais pas encore vécu un coup de coeur venant d'une oeuvre de David Ayer. Vous devez vous en douter, aujourd'hui, c'est chose faîte.
Mais comment puis-je tant aimer ce film, alors que sa note globale ( tant sur Allociné que Sens Critique ) est à ce point différente de la mienne? Pour le coup, j'aime à penser n'être pas le seul à l'apprécier; c'est même fort probable, mais en lisant les articles, j'ai soudainement eu l'impression d'être seul face à une marée d'avis mitigés. Seulement, je ne les comprends pas.
A mon stade, je pense que c'est plus du ressenti personnel que de la vérité pure et dure; disons juste que je ne pourrai vous donner que mon avis sur le film en question, un avis subjectif et loin de la vérité. Oui, cela ne change pas de l'accoutumée. Mais il est temps de parler de l'oeuvre, et de vous faire comprendre pourquoi je l'apprécie tant.
Pour commencer, j'ai trouvé la mise en scène particulièrement plaisante : originale, efficace et inventive, elle fait part d'un bon rythme, et sait comment montrer les scènes d'action. Y'a pas à dire, David Ayer a vraiment du talent. Cependant, on pourra tout de même lui reprocher certains effets un poil clipesques, mais l'idée rentre bien dans l'aspect malade de la personnalité de Bale, alors bon...
L'autre gros point positif de l'oeuvre s'avère, à mon sens, être sa propre écriture. C'est fort, intelligent, et même si l'idée de base n'a rien de novatrice, j'aime à penser que sa manière de traiter l'intrigue même du film est assez fouillée et particulière pour permettre à "Bad Times" de se démarquer des autres films du genre.
Lorgnant, quelques fois, sur la tension propre de l'excellent "Voyage vers l'enfer", le film trouve son originalité dans sa propre modernité, alliant au mythe ancien du guerrier traumatisé la nouveauté des drogues et tous les thèmes qu'elles entraînent. En ressortent de nouvelles thématiques accompagnées d'un réalisme saisissant, lui même favorisé par l'aspect très documentaire de la mise en scène d'Ayer ( rappelant "Sabotage", sorti quelques années plus tard ). L'immersion est garantie.
Vous l'aurez compris, niveau impact sur le spectateur, c'est puissant. D'autant plus que la personnalité du héros, vétéran de la Guerre du Golfe ( la deuxième, si je ne m'abuse ), est étrangement bien écrite et terriblement fouillée. Le film n'étant jamais manichéen, son personnage principal ne l'est lui même jamais : oscillant constamment entre le calme et la tempête, entre le radical et le modéré ( des termes volontairement choisis, histoire de vous donner une image qui colle un minimum avec l'actualité ), il trouve toujours ce déséquilibre parfait propre à la schyzophrénie.
Et justement, ce personnage, Christian Bale l'incarne à la perfection : méconnaissable dans son personnage, imprévisible même dans son regard, l'acteur change complètement de manière de jouer, jusqu'à finalement s'effacer complètement derrière son rôle. Le résultat est saisissant. Rodriguez fait tout de même pale mesure à ses côtés, et même s'il joue bien, il n'atteindra pas toute la puissance émotionnelle que Bale nous offre.
Une puissance qui atteindra son paroxysme à la fin de l'oeuvre, déchirement de tristesse. Une conclusion terriblement efficace, quoi qu'un poil trop rapide à mon goût. Néanmoins, il ne pouvait se terminer autrement. Alors je le dis : aussi subjectif que cela puisse vous paraître, "Bad Times" est à mon sens un grand film. Preuve à l'appui, j'ai cédé à sa magie.
http://avion.blogs.allocine.fr/2016/01/bad-times-2007-faut-jouer-avec-le-systeme-comme-avec-un-piano.html