Rien Dans la Poche
Avant de découvrir Baghead je ne connaissais même pas le mot et le genre Mumblecore qui définit visiblement un type de cinéma indépendant américain avec très peu de moyens mettant en scène des...
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le 6 févr. 2024
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Artistes pionniers du mouvement mumblecore (œuvres réalistes fauchées et le plus souvent improvisées), les frères Duplass réunissent leurs amis comédiens dans une cabane au fond des bois et s'inspirent des plus mauvais slashers de l'Histoire du cinéma pour créer un OFNI (objet filmique non-identifié) aussi attachant que futile. Car Baghead n'est rien d'autre qu'un simple délire entre potes. Mais un délire extrêmement intelligent de par sa fine analyse de la bêtise.
Michelle, Catherine, Matt et Chad sont des comédiens un brin losers qui rêvent de vedettariat. Inspirés par le métrage sans-le-sou d'une vieille connaissance de Matt, les 4 amis décident de s'isoler dans une cabane lors d'un week-end pour rédiger un scénario horrifique et le réaliser. Mais si Catherine est amoureuse de Matt qui en pince pour Michelle, Chad est quant à lui amoureux de Michelle qui en pince pour Matt. Dans cet imbroglio sentimental, tout se complique encore lorsque le tueur de leur scénario devient brusquement réel...
Alors attention, Baghead n'est pas un film d'horreur, c'est une comédie sentimentale. Enfin non, ce n'est pas vraiment une comédie, plutôt une romance qui vire vers l'horreur. Mais comme ce n'est pas un véritable film horrifique, ni une véritable romance, on finit par se poser la question à savoir ce qu'est ce machin. Un essai ?... Même pas. Juste une expérience cinématographique essentiellement improvisée et structurée par un semblant de script.
En fait, on se fiche de ce qu'est Baghead. Il suffit de se laisser porter par cette bande de potes où rien n'est rose entre eux. Ils nous embarquent ainsi dans un embrouillamini à la Sautet ou à la Allen mixé au Tueur Du Vendredi. Un subterfuge malin qui ne colle aucune étiquette au projet tout en les lui collant toutes. Un peu ce que Dupieux essaie de faire depuis 1996. Mais ça ne ressemble pas à du Dupieux non plus.
Baghead, c'est surtout 4 comédiens qui s'éclatent à jouer dans tous les registres. Sauf qu'il n'y a aucun étalage de talents de leur part, ils sont là pour le fun et ça se voit. C'est totalement immature (en ce sens, le personnage qu'incarne Greta Gerwig est absolument magique et à ériger sur un piédestal) tout en étant merveilleusement pertinent sur le fond face à la question du futur de la créativité cinématographique.
Malgré tout, le film n'est pas aussi poignant que Hannah Takes the Stairs, porte-étendard du mumblecore. Mais ce n'est pas ce qu'il cherche à être non plus. Il ne cherche rien, Baghead. Il se pose là et nous fascine ou nous rebute, c'est selon. Quoi qu'il en soit, il reste marquant et difficilement oubliable. Ce qui est un gage de grande qualité.
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le 8 juin 2024
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