C’est l’histoire de Nadine et Manu, deux nanas dont les destins émaillés de violences se croisent et qui n’ayant plus aucun espoir se lient d’amitié dans un road trip d’ultra violence, de meurtres, de sexualité bestiale et de défonces.
Film violent, qui avait choqué lors de sa sortie, notamment à cause des scènes de sexe non simulées, mais qui a permis la création d’une catégorie de films « interdits aux moins de 18 ans » sans que le film ne soit catalogué X avec les conséquences fiscales que cela implique.
Effectivement ce film n’est pas pour tous les regards, et plus que de limite d’âge, je parlerai de tolérance aux images chocs. Pour son premier film adapté de son roman du même nom, Virginie DESPENTES frappe un grand coup et assène au petit monde feutré du cinéma bourgeois un brûlot qui va jusqu’au bout de son propos, sans pincettes, sans crème adoucissante. La route qu’emprunte Nadine et Manu sera extrême jusqu’au bout, elles savent que c’est une voie sans issue, alors autant y aller à fond, comme la traduction américaine de ce type de voie le laisse suggérer « dead end ».
Karen BACH et Raffaela ANDERSON font ici leurs premières armes dans le cinema classique, après des années dans le cinéma pornographique et s’en sortent avec les honneurs, elles déclareront avoir vu dans cette histoire de filles violentes une réponse à l’univers machiste où les femmes ne sont que des objets soumis aux fantasmes les plus abjectes des hommes. Un monde si dur que la belle Karen finira par se suicider quelques temps plus tard.
La musique enfin, un élément qui compte toujours beaucoup pour moi dans mon appréciation d’un film a en partie été composée par deux musiciennes, la regrettée Delphine Palatsi et Jennifer Cardini deux DJ techno qui ont rythmés certaines de mes nuits et dont l’univers sied à merveille à celui de Despentes.
Malgré d’évidents défauts ce film a dès le début réuni autour de lui des fans qui comme moi le défendront et pour qui il tient de film culte, un très bon « midnight movie » des temps modernes à découvrir l’esprit ouvert et le curseur d’émotivité au plus bas.