Drôle, tendre, parfois aussi absurde et tarabiscotée qu'une anecdote véridique, cette troisième occurrence du personnage d'Antoine Doinel poursuit dans la même direction que le plus maladroit Antoine et Colette : celle de voir grandir ce personnage, toujours aussi attachant, et toujours aussi magistralement interprété par Jean-Pierre Léaud.
Quoi que désormais jeune adulte il reste le même, en mal d'un amour absolu, gouailleur mais maladroit lorsque ses paroles doivent être importantes, assoiffé d'une érudition discrète et autodidacte, et jamais tout à fait en accord avec la société.
Là où Les quatre-cent coups avait rebattu les cartes de la manière de faire du cinéma en France, Baisers Volés nous rappelle qu'à l'instar de son personnage principal ce cinéma du renouveau peut continuer d'évoluer en douceur, en se confrontant à la vie. En résulte un film aussi intimiste que populaire, à la fois nostalgique, réconfortant et taquin, faisant la part belle à tous ses personnages secondaires (Claude Jade, Delphine Seyrig ou encore Michael Lonsdale sont juste éblouissants, mais pas qu'eux !) autant qu'à une mise en scène aux idées des plus rafraîchissantes.
Et puis, après presque une heure et demi de tout cela, la caméra monte l'escalier, et ,après une petite blague tout de même, nous montre, sans pour autant s'y attarder, que l'amour, au milieu des doutes et des faux semblant, peut tout de même bien exister. S'ensuit un dialogue du lendemain matin à l'incroyable beauté, et la seule demande en mariage que je trouve belle, du moins jusqu'à présent, mise en scène par la bande tout en étant d'une simplicité totale, du très grand art.