Comme dans plusieurs de ses autres premiers films, on sent que Woody Allen avait un talent qui ne demandait qu'à être travaillé. Bananas fourmille de gags, de trouvailles aussi bien visuelles que situationnelles ou langagières.
Seulement, c'est trop. Le film ne semble parfois être qu'un prétexte à une suite de gags portée tant bien que mal par une histoire décousue. Ne sachant pas élaguer, Allen se condamne à faire les gags de trop. S'il atteint plusieurs fois le coeur de la cible aussi efficacement que les maîtres du muet ou de l'absurde, il s'enferme tout aussi souvent dans un humour potache de qualité douteuse. Ainsi, ce film fait le lien entre les meilleures heures des Monty Pythons ou de Chaplin et les pires des Charlots. Un grand écart aussi surprenant qu'embarrassant.
Ceci dit, Allen a fait tellement de grands films par la suite que l'on ne peut faire preuve que de mansuétude pour ces débuts balbutiants ; d'autant plus que le film reste une cocasse satire du début des années 70.