Vas-y ! Comme Victoire...

Comment pourrais-je parler de ce film ? A part souhaiter simplement qu'il ait la vertu messagère autant que la vertu témoignage.
Non, ce n'est pas un film sur la banlieue, non ce n'est pas un film sur une bande de filles, non ce n'est pas une oeuvre démagogique, me semble-t-il.
Céline SCIAMMA offre un film de femmes sur les jeunes adolescentes de notre époque. Et une fois de plus un film sur l'hésitation, l'identité, la place, le désir, le choix d'être et le processus qui y mène.
Tout est difficile dans ce monde, que ce soit à l'échelle macro, ou micro. Tout est une question de force, de frappe, de coups, de violence. L'amour y a-t-il sa place ? Surement.
Dans ce film, rien n'est trop. Pas de scène inutiles. Pas de dérapages glauques. Ce que l'on pourrait prendre pour des longueurs sont le temps du processus. Pas de dialogues superflus, pas d'explication suggérant une voie d'interprétation. Tout est ciselé.
Si les hommes prennent cher, comme on dit, frères, pères, "patrons", les filles, jeunes filles, jeunes femmes découvrent leur capacité de choix, choix par le corps, choix par le verbe, choix politique...
De l'autre côté de ce que nous montre la petite lucarne, pleine d'images et de commentaires tellement simplifiés et parcellaires qu'ils en deviennent caricaturaux, "Bande de filles" propose de passer de cet autre côté et de s'interroger sur une certaine réalité, voire une réalité certaine, avec un regard bienveillant et doux. S'interroger qui que l'on soit, où que l'on soit.
La bande musicale est juste superbe.
Je suis ressortie de la séance avec ce sentiment du "maintenant tout est possible".
"Vas-y", oui, cette redondance verbale prend tout son sens à la dernière image et prend une nouvelle dimension, celle de l'agir et non plus du subir.
Bonne séance :)