Banel et Adama est une production France 5, très honnête et sincère, avec des plans magnifiques des paysages d'Afrique et une intrigue pro-libertés (celle de n'avoir pas d'enfants pour une femme, de choisir son époux, d'aller habiter à l'extérieur d'une communauté, de ne pas reprendre la fonction de ses parents) avec laquelle on est forcément d'accord (un consensus), mais qui faisait carrément figure de parent pauvre du Festival de Cannes. Le budget se devine ridiculement petit à chaque plan, tant les décors ne changent pas, les acteurs sont réduits à une poignée, l'intrigue ne demande rien du tout en matériel... On dira donc que, pour une après-midi sur France 5, Banel et Adama fait tout à fait son travail de divertissement et d'émerveillement à une autre culture qu'on maîtrise mal, mais que pour un Festival, il reste "un peu juste" en terme de technicité. Mais on ne boude pas son plaisir face aux scènes d'hallucination bien montées, face au duo principal plutôt touchant, face aux beaux plans paysagers (surtout l'arbre immense), et surtout face à la confrontation des traditions restrictives de cette tribu africaine avec l'envie de modernité de la jeune héroïne. On suit l'histoire tragique de ce couple jusqu'au final, pour nous défaitiste (on aurait vraiment préféré
qu'elle réussisse à accomplir son rêve de vie libre, plutôt que d'imager que la modernité est un combat perdu d'avance, et voué à finir sous le sable...
La morale ne nous va pas), mais avec au moins l'envie d'y réfléchir et d'en discuter à la sortie. Banel et Adama est donc un courant d'air pas désagréable bien qu'oubliable au Festival, mais saura trouver une bien meilleure place sur les chaînes France Télévision, et c'est la fin (heureuse, pour changer) qu'on lui souhaite de tout cœur.