L’été s’ra chaud, l’été s’ra chaud, dans les bourgades, dans les enclos. Mais pour Banel et Adama, jeune couple vivant dans un village reculé du Sénégal, la chaleur de l’été va mettre en péril leur amour brûlant. Alors qu’Adama vient de renoncer à endosser le rôle de chef du village qui lui échoit héréditairement pour vivre avec Banel dans une maison ensablée aux marges de la communauté, la sécheresse estivale ne semble jamais s’arrêter, emportant sur son passage bétail et habitants. Pour le village, cette punition climatique n’est autre que le résultat inévitable de l’affront d’Adama aux traditions locales et de la perversion de celui-ci par Banel. Pourtant, de l’introduction d’un récit sur la quête d’indépendance d’un couple qui refuse d’étouffantes coutumes, le film de Ramata-Toulaye Sy bascule rapidement dans l’onirisme et la contemplation existentielle d’une apocalypse climatique. Véritable fléau qui annihile le village tout entier et réduit ses survivants à l’apathie, la sécheresse sans fin s’attaque aussi à Adama, consumé par les remords, et Banel, qui voit son mari lui glisser entre les doigts. Les paysages désertiques, terrains de cette fable tragique, finissent cependant par se superposer à l’excès, embourbant le récit dans un surplus de poétique et de non-dits évocateurs. Redondant formellement, le film de la cinéaste franco-sénégalaise ne peut plus que compter sur son émouvant duo d’acteurs et son sous-texte politique quant à l’inaction climatique et ses irréversibles ravages. Avec autant de sable dans les yeux, on prend le risque de s’endormir.