Ce film m'attirait beaucoup.
J'ai parcouru toute la filmographie de Larry Clark, Gus Van Sant, Alan Clarke... Beaucoup de films sur l'adolescence. Mais celui-ci reflète finalement complètement et malheureusement la tendance régressive de notre société actuelle.
Tout d'abord, ce qui m'a le plus choqué dans ce film, c'est son générique. Il y a une mention aux féministes d'avant qui se sont battues, à celles d'aujourd'hui qui se battent... Bon d'accord être "réalisatrice" est encore de nos jours une prouesse (17% en 2013, télévision et cinéma confondus, chiffre SACD) mais faire jouer à des ados des scènes de sexe dans le cliché pur du fantasme hétéro masculin n'est pas très innovant pour le coup. Il suffit de regarder toutes les scènes érotiques du film pour ne voir qu'une fois deux garçons s'embrassaient, sûrement pour le quota, tandis que les filles s'embrassent tout du long, sont rangées par deux de chaque côté d'un garçon lors de rapports : hétéro-normativité à fond donc !
On aurait pu en rester là mais non car, à la fin du film, nous tombe sur le bec la bonne morale judéo-chrétienne (et même sa version archaïque comme nous allons le voir).
Les adolescent•e•s se retrouvent puni•e•s de leur dépravation sexuelle puisqu'il faut le voir comme ça. Le sexe sans amour, le polyamour... Tous ces genres de relations sont condamnés par : la syphilis. Elle tombe sur le groupe comme les dix plaies sur l'Egypte ramenant l'ordre et la méfiance entre les individus comme il est de norme dans une société bien rangée. Cela fait aussi vraiment cliché... Nous ne parlerons même pas du parallèle fait à travers une réplique entre l'utilisation contemporaine de l'IVG et l'envoi d'un SMS.
Bref, au final, et c'est en ça que la morale est même archaïque, nous ne sommes pas dans le pardon mais le rejet. Rejet de ce groupe de bang gang par ses individus, rejet de la personne malade par les saines, rejet de ces adolescents par leurs parents qui leur répondent "foyer de redressement".
Où est la rencontre à l'autre dans ce film si ce n'est purement charnel ? Nous assistons à de magnifiques prises de vue, des corps jeunes, blancs (tiens ?...) et imberbes, comme il est de mode aujourd'hui chez certain•e•s adolescent•e•s, filmés sous tous les angles. Et ok, j'ai beaucoup aimé cette liberté mais elle est si minime par rapport à la grandeur du propos.
Ce film ne m'aura donné qu'une envie : courir revoir Shortbus, courir dans la rue revoir des corps différents, des corps à aimer, sans culpabilité, avec sens, respect et intelligence. Et qu'on ne me dise pas que c'était pour faire une critique de la jeunesse. Bien souvent, la jeunesse sait se montrer multiple, complexe, riche ; et nous montrer comment être vrai, généreux et authentique dans ses relations.