Il ne fait pas bon être l'homme qui a été épargné à la place du Christ...
Car Barabbas, petit brigand choisi par la Grâce du peuple à la place de l'Homme de Nazareth, va en prendre plein sa gueule pour tout le reste de sa longue vie.
Tour à tour ivrogne, puis mineur de soufre, puis manœuvre agricole, puis gladiateur, puis homme libre illuminé, pour finir à l'endroit où il aurait dû être dès le départ, Richard Fleischer n'épargne pas le massif Anthony Quinn.
Le film est intéressant d'un point de vue culturel, nous présentant la lente descente aux enfers d'une sorte d'anti-Christ, un personnage brutal et grotesque ayant échappé in extremis au sort promis aux hommes de mauvaise vie.
Cependant certaines longueurs et envolées mystiques parfois un brin rébarbatives nuisent quelque peu au rythme de l'ensemble.
Le plaisir se retrouve dans les interprétations impeccables de Quinn, colossal et habité, mais également des seconds rôles comme Jack Palance et Vittorio Gassman.
Les passages dans les mines de soufre, apportant un infernal sentiment d'enfermement et de mort latente, et dans les arènes de la Rome barbare et décadente de Néron, sont tout aussi réussis avec notamment un duel Quinn/Palance de haute volée.
Fleischer réussit donc son pari : proposer un péplum atypique jouant sur l'impossible rédemption d'une Bête, qui, ayant laissé sa place au Ciel à celui qui mourra pour racheter les péchés de l'Humanité, vivra l'enfer sur Terre en contrepartie.
Une réalisation somme toute correcte à mettre à l'actif du réalisateur de Soleil Vert et Conan.
(reprise complétée d'une critique publiée le 18/11/2013 sur Allociné)