Le Miroir
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le 10 sept. 2017
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Réaliser un long-métrage n’est en aucun cas une chose aisée, encore plus lorsqu’il a pour but de parler la vie vécue d’une personnalité importante. Matthieu Amalric tâche de nous faire comprendre cela lorsque celui-ci s’est mis pour projet de faire un film évoquant Barbara. A l’encontre des conventions du biopic, il en est finalement un objet fascinant sur la confection d’un biopic sur la chanteuse de L’Aigle Noir.
L’an dernier, Olivier Assayas déchaînait les croyances des cinéphiles :Les fantômes existent-ils dans le cinéma d’auteur français ? En signant un pur film de mise-en-scène, sublimant les pulls-overs de Kirsten Stewart, il proposait avec Personal Shopper une réflexion contemporaine sur une spiritualité ultra-connectée frémissante. Oeuvre controversé, il sera suivi près d’un an plus tard par cette autre proposition du mythe du fantôme. Un fantôme imagé cette fois-ci par le défi traversé par ce metteur-en-scène (celui du film et de la fiction), véritable amoureux obsédé à l’idée de ressusciter son idole, la chanteuse Barbara à l’écran.
Amalric, le vrai, brouille les pistes en entre-mêlant images d’archives et réalité fictive, où l’on a cette impression de voir cette actrice jouée par Jeanne Balibar véritablement possédée par la chanteuse. La magie du cinéma tant décriée par Amalric pendant la promotion du film fonctionne jusqu’à ce que l’on se rend compte de la supercherie grâce à un Coupez ou un plan furtif sur l’équipe de tournage armés de caméras et de perches-sons. Par cette magie, Barbara est ressuscité devant nos yeux. Non dans sa forme matérielle mais par le son de sa voix, de ce fantasme imagée par ce réalisateur épris d’amour fou pour elle qui prendra le soin d’évoquer chaque détail de la vie de l’artiste, entre les problèmes familiaux qu’elle aura vécue, un voyage en voiture pour aller à une salle de concert ou la reconstitution de son appartement.
Barbara envoûte dans son art à montrer le processus cinématographique. Entre recherches d’images, scénario changé à la dernière minute et son insistance à monter les groupes dans un tournage en studio, cette mise-en-abyme s’avère au final très ludique. Tel le docteur Frankenstein voulant ressusciter la mort, le réalisateur serait ici son reflet artistique plein d’outils et de recherches afin de faire revivre une personne et de prendre le pas sur la mort.
OFNI au sein de ce genre souvent rébarbatif et conventionnel, Barbara fascine et marque les esprits. Pas la peine de le demander au sein de ce film, l’esprit de la mythique chanteuse est bel et bien là.
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le 15 sept. 2017
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