L’immense publicité qui accompagnait la sortie du film de Greta Gerwig laissait déjà présager la réussite commerciale de son film. Casting cinq étoiles, de Margot Robbie à Will Ferrell en passant par Ryan Gosling, tous les éléments étaient réunis pour offrir au public un énorme spectacle. Outre l’envergure commerciale, le projet se présentait comme un aboutissement esthétique porté par la réussite de ces décors immersifs et attractifs, dont l’effervescence se justifierait par la magnifique reproduction des jeux Mattel.
Dans ce flux d’images plus publicitaires les unes que les autres, Gerwig affirma dès son lancement l’ambition et le sérieux de son projet, prenant le parti pris d’inscrire sa poupée dans un houleux discours féministe.
Signant une œuvre à la plasticité physique remarquablement réaliser, Mattel peut se vanter de la brillante réussite de ses costumes et de son maquillage, portés par le jeu rigoureux de ses acteurs.
Cependant, l’énergie narrative et esthétique menée par Gerwing ne parvient pas à en évincer l’alchimie industrielle présente dans l’ensemble du film. Fonder sur une société du spectacle, l’œuvre devient très rapidement le reflet artificiel de notre société, qui sous couvert d’offrir de la distraction cherche à questionner maladroitement un spectateur en quête de plaisir. Ce spectacle se devant d’être avant tout une belle publicité pour leur poupée, Mattel guide l’ensemble du film en assommant le spectateur de scènes plus commerciales les unes que les autres.
On aurait aimé se détacher dès le début de l’enjeu économique de l’œuvre, pour se complaire dans ce monde juvénile. Il est dès lors très difficile d’adhérer au discours féministe qui sous couvert de justifier l’épopée de Barbie est surtout efficace pour redorer son image.
Délivrant un message aussi démagogique qu’écoeurant, le film ne fait pas plus progresser la lutte féministe des femmes que sa poupée pour les jeunes filles. Incapable de quitter l’euphorie affichiste de son univers, Barbie ne parvient pas à retranscrire l’émotion et la puissance de ce monde imaginaire, se complaisant dans une superficialité outrancière, oubliant que sa réussite est avant tout façonnée par l’imaginaire enfantin. Echouant là où d’autres ont brillamment réussi (Lego, Toy Story), l’œuvre de Gerwig ne dépasse pas sa propre bande annonce, dont le visionnage aurait suffi.
On saluera malgré tout la réussite flagrante de Margot Robbie, qui jouant de son image est parvenue à s’inscrire dans l’histoire hollywoodienne en y comprenant parfaitement son fonctionnement.