Il y a finalement plusieurs manières d'aborder le fameux Barbie de Greta Gerwig. Il y a bien sûr le placement de produits (ce que le métrage est incontestablement) qui permettra certainement à Mattel de considérablement augmenter son chiffre d'affaire ces prochaines semaines. On peut également considérer la chose comme un petit brûlot féministe gentiment abordable, voire même souvent immature (ce que le métrage est aussi) qui permettra néanmoins aux plus jeunes de comprendre ce que signifie les mots patriarcat et sexisme. Et on peut aussi prendre le tout comme une simple bouffée d'air estivale ultra pop où une héroïne fait pipi rose, pète des paillettes et rote des confettis.
Pour créer un film avec cet univers en mode live, il fallait bien évidemment humaniser le tout et en ce sens, le scénario n'est malheureusement guère surprenant. Du jour au lendemain, Barbie a les pieds plats et peine désormais à porter ses habituels talons aiguilles. De la cellulite apparait également, ce qui lui file un sacré seum dont elle ne comprend ni les tenants, ni les aboutissants C'est suite à une conversation avec une dirty Barbie (nom donné aux poupées maltraitées par les gamines les plus délurées dans le monde réel) que notre héroïne décide de venir rendre visite à l'humanité en compagnie de son ami Ken pour tenter de percer le mystère de sa métamorphose. Tandis que Ken va découvrir et être littéralement obsédé par le pouvoir absolu du patriarcat, Barbie va inévitablement se confronter à une crise existentielle.
Pour son troisième long-métrage en solo, Greta Gerwig s'amuse comme une folle avec les jouets qu'on lui a glissé entre les mains et c'est sûrement le premier bon point du projet. Épaulée par une sensationnelle Margot Robbie et par un excellent Ryan Gosling, dont les réjouissances à incarner Barbie et Ken transparaissent à chaque seconde, le tout permet de se laisser happer avec bonne humeur dans un Barbie Land grandeur nature.
Et si les messages féministes restent parfois un peu trop appuyés et bien peu subtils au sein d'une œuvre ultra formatée pour l'industrie, la sincère folie des décors et des situations absurdes prennent immanquablement le pas sur les faiblesses du film. Car des faiblesses, ne nous leurrons pas, il y en a des tonnes si l'on prend le projet au sérieux. Non, Barbie est impérativement à prendre au deuxième, voire au troisième degré et n'est en aucun cas un pur pamphlet anti-patriarcal comme purent l'être Les Petites Marguerites ou Thelma Et Louise en leurs temps. C'est un film fun, peut-être même égal au plaisir que peut éprouver une fillette en jouant avec ses jouets Mattel tout en écoutant les tubes de Dua Lippa et de Billie Eilish à la radio. Une victime du consumérisme diront certains.
Enfin bref, en temps ordinaire, je lui aurais collé un bon 5/10. Mais comme je suis allée le voir avec quelques amies très en forme et dont les vannes m'ont bien faite marrer durant la séance, un 6 s'impose pour le bon moment ^^
Et puis quoi qu'on en pense, Margot Robbie est décidément géniale. Voilà.