A Barbie Land il fait bon vivre. Tout le monde semble heureux de vivre en communauté, dans un décor de carton-pâte (ou plutôt, dans un décor de PVC) rose bonbon. Enfin, tout le monde sauf Barbie qui est en pleine crise existentielle…
64ans après sa création, la poupée mannequin de 30cm connait sa première adaptation en prises de vues réelles, après d’innombrables films d’animation (on n’en dénombre pas moins de 40). Il aura fallu 14ans de développement et d’abandon de projets pour que Barbie voit le jour au cinéma, passant entre les mains de plusieurs majors, réalisateurs et interprètes (Amy Schumer & Anne Hathaway étaient pressenties).
C’est finalement Greta Gerwig (Les Filles du Docteur March - 2020), actrice & réalisatrice de films indépendants qui s’attèle à ce blockbuster à 100M$. Au programme de ces 2 (trop) longues heures ? Une comédie pop et acidulée qui frise l’écoeurement. On jurerait regarder le catalogue de merchandising de Mattel, sous couvert de dénoncer le patriarcat (la firme est aux mains des Hommes, le destin de Barbie et de ses consœurs aussi), le tout, tartiné ras-la-gueule d’une réflexion féministe (les femmes doivent prendre leur indépendance, se prendre en main et ne compter que sur elles-mêmes), en réalité, on assiste aussi et surtout à un déballage dans les règles de l’art du catalogue Mattel qui vient se racheter une bonne conscience auprès du grand public alors que l’entreprise reste encore et toujours le symbole du sexisme et du capitalisme, bref, un beau foutage de gueule.
Tout est beau et tout le monde est gentil dans le monde merveilleux de Barbie où le communautarisme et l’inclusivité y sont la norme (alors que dans les faits, Mattel aura toujours rechigner à commercialiser des poupées Barbie qui ne soient pas autres que blanches et blondes). C’est ainsi que l’on assiste à étalage sans vergogne des différentes Barbie qui existent dans le commerce (en surpoids, en fauteuil-roulant, noir, métis, trans, …).
Malgré son excellente scène d’ouverture (qui pompe totalement 2001 : l'odyssée de l'espace - 1968) et quelques références rigolotes disséminées ici et là (j’en ai compté 3, à savoir Midge la Barbie enceinte, la Barbie puberté (commercialisée sous le nom de "Growing Up Skipper") et enfin, la Barbie dépressive), il faut se rendre à l’évidence, l’adaptation de Greta Gerwig s’avère être d’une pauvreté abyssale. Alors certes, elle a consciencieusement coché toutes les cases du cahier des charges imposé par Mattel, mais pour le reste, on s’emmerde prodigieusement. Un scénario inintéressant au possible et plombé par l’absence d’humour (il n’y a rien de drôle), heureusement que Margot Robbie (qui incarne le rôle-titre et assure également la production) s’en sort plutôt bien, face à Ryan Gosling, parce qu’en dehors de ça, le film s’avère être particulièrement éreintant.
Barbie (2023) se veut féministe et pourtant, elle met Ken au cœur de son histoire et vole la vedette à son héroïne. Au final, cette comédie capitaliste (qui promeut à la fois Birkenstock, Chanel ou encore Chevrolet) veut se donner le beau rôle alors qu’en réalité, tout ce qu’elle fait c’est de se tirer une balle dans le pied en brassant du vent pendant 2h (et dont le temps ressenti avoisine les 3h, bon courage).
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