Je peux commencer par dire que j'ai passé un bon moment. Oui comme tout le monde je redoutais un peu ce film. Certaines craintes se sont confirmées mais il y a eu également de nombreuses surprises.
Tout d'abord au niveau du féminisme, c'est une réussite. De nombreux aspects du féminisme sont abordées : postes de pouvoir, inégalités économiques, agressions sexuelles, sexualisation, corps jugé, socialisation de genre, etc. J'avais aussi peur que le film ne soit qu'un argument pour promouvoir le film mais c'est en fait le sujet principal du film et bravo pour ça. Un blockbuster qui parle même aux adolescent-es et qui traite du féminisme, c'est extrêmement rare (je n'en ai aucun en tête). Je regrette juste que ça ait été fait de manière si explicite. On amène pas le/la spectateur-ice à déconstruire certaines de ses idées, on le/la confronte directement. Je pense que c'est moins pédagogique mais plus simple pour parler à des adolescent-es non politisé-es c'est sûr.
Cependant, j'ai été extrêmement déçu par les placements de produits ostentatoires. A certains moments on ne voyait que ça. C'était indécent. Chevrolet a dû balancer un gros chèque c'est sûr. Je ne pensais pas non plus que Mattel mettrait autant en avant sa marque, c'était ridicule et déplaisant. Toutes ces belles paroles féministes noyées dans du pinkwashing, vive le capitalisme.
Mais heureusement, Ken m'a repêché. Au moment où je commençais à être déçu, oui car de surcroît le passage dans le monde réel au delà de la critique féministe, était très pauvre. La caractérisation des personnages était au plus bas tout comme le scénario où la construction de l'environnement.
Mais heureusement, il y avait Ken. Oui déjà quel jeu d'acteur ! Puis il m'a fait rire avec ses Kendom et autre ! Sans oublier les pas de danses des Kens qui sont beaux et drôles. En fait c'est le seul personnage travaillé du film, et il était d'ailleurs plus intéressant que Barbie (désolé de mettre en avant un homme dans un film féministe !). Il avait en lui cet ambivalence : ayant grandi à Barbieland il est de fait déconstruit. Mais Barbieland délaisse les hommes, leur laissant comme seul objectif de vie de les séduire. Alors il subit (rien de comparable on est d'accord, déjà les violences sexuelles en moins) certaines choses que Barbie a pu subir dans le monde réel. En rentrant, il cherche à se forger une place dans le monde de Barbie en s'adaptant au patriarcat. Mais il n'est plus lui-même, il se transforme pour s'adapter à une hiérarchie, tout cela lui coûte sa personnalité et son identité. C'est pour ça que son personnage est beau et qu'il m'a touché, parce qu'il est déconstruit mais cherche sa place en tant qu'homme. Bravo à la réalisatrice d'avoir choisie de montrer à la fin du film que les hommes aussi souffrent du patriarcat. Bien sûr pas autant que les femmes, mais quand même, s'empêcher de montrer ses émotions, être dans la compétition et la domination en permanence, ne pas pouvoir être soi-même... Ce sont des souffrances dont on parle peu car les femmes subissent infiniment plus le patriarcat, mais j'ai trouvé ça très intéressant et je pense que c'est un enjeu important de montrer que les hommes aussi ont intérêt à en finir avec le patriarcat (avec le capitalisme aussi mais ce n'est pas l'avis du film...).