Il y a en vérité peu à dire sur le film : simple spot publicitaire d'une durée éreintante, déluge de couleurs et de musiques au montage épileptique hélas plus à même de capter l'attention que la mise en scène d'une platitude aussi effarante que les gentilles blagues prétextes à asséner quelque propos qui ne bousculera ni n'ébranlera personne. Ne vous y trompez pas : en dépit de ce que certains voudraient y voir et des camps qui se déchirent depuis sa sortie, Barbie n'est ni un manifeste féministe ni un brulot progressiste ni même un pétard mouillé aux relents rétrogrades mais simplement une œuvre d'un consensuel à toute épreuve, chaque esquisse de propos immédiatement avortée par la suivante afin de ne se mettre personne à dos. Tout le monde s'engueule mais au final tout le monde s'y retrouve car tout le monde en parle : magie publicitaire.
Là est le seul vrai "miracle" de Barbie : nous présenter une publicité si bien marketée qu'il faut payer pour la voir, si survendue qu'entretenir ou même contester le moindre débat à son sujet vous mue de facto en ambassadeur du produit. Le stade final du capitalisme, l'ultime symptôme d'une industrie hollywoodienne complètement à la dérive, et peut-être une sombre vision de l'avenir du cinéma grand public. Il y aurait d'ailleurs beaucoup à dire sur pareille célébration de la vacuité, le public si dépendant de franchises et si gavé d'images bancales qu'il célèbre désormais une banale pub tel le dernier Kubrick, mais à quoi bon ? Chaque mot accordé à ce produit est une victoire pour Mattel, aussi vais-je en faire l'économie.