Un célèbre documentariste et journaliste mexicain, qui vit aux Etats-Unis depuis vingt ans, revient pour la première fois dans son pays natal afin d'y recevoir un prix honorifique pour sa carrière. Ce retour va être l'occasion de se pencher sur son passé, son rapport à son pays, sa famille...
Il est étrange qu'un cinéaste aussi populaire que Alejandro González Iñárritu ait mis sept ans pour réaliser un autre film après The revenant, et qui plus est que Bardo a du être acheté par Netflix afin d'avoir une audience mondiale. Car au fond, tout comme Roma de son ami Alfonso Cuaron, c'est un film personnel, qui parle de Inarritu à travers ce documentariste joué par Daniel Giménez Cacho. La comparaison avec 8 1/2 de Fellini est sans doute pertinente tant le cinéaste se projette dans son avatar dans ce qui pourrait être une psychanalyse de luxe sur ce qu'il a laissé depuis qu'il travaille aux Etats-Unis avec 21 grammes. Malgré sa durée que je trouve vraiment excessive au point qu'on peut parler de pose par moments, le film a pour lui un sérieux argument en la personne de Darius Khondji pour la photo, que je trouve extraordinaire. La beauté est sur l'écran, quand bien même elle montre des choses très intimes, mais c'est aussi dans la mise en scène qui m'a scotché plus d'une fois sur place avec une caméra qui semble flotter dans les airs. Même si on peut regretter que, influence Malickienne oblige, le réalisateur use de l'objectif déformant pour ses panoramiques à 360°, comme si ça avait été filmé avec un téléphone.
En tout cas, même si le message est parfois abscons, Bardo est un film très intéressant. Assez peu complaisant sur lui-même, parfois émouvant (le dialogue imaginaire avec son père dans des toilettes où il rétrécit à la taille d'un enfant ou ce qui concerne le bébé), vachard par moments (l'émission où le critique défonce le dernier documentaire du metteur en scène), foisonnant de détails, Inarritu s'est sans doute fait plaisir après les machineries très complexes de The revenant et Birdma, et ça lui réussit.