Une production Golan-Globus avec pour réalisateur Barbet Schroeder et interprètes principaux le duo Mickey Rourke / Faye Dunaway : si vous avez association plus improbable ! Toujours est-il que les deux producteurs ont beau avoir financé les pires merdes qui soient, tandis que la chute artistique n'était plus très loin pour l'ami Mickey, « Barfly » est une étonnante réussite. 18 ans avant le plutôt convaincant « Factotum », c'était donc au réalisateur français de s'attacher au portrait de Charles Bukowski, inclassable bonhomme bourré (au sens propre comme figuré) de talent foutant plus ou moins volontairement sa vie en l'air pour garder une présumée liberté qu'il semble être le seul à comprendre.
Tout ceci est extrême, bizarre, parfois dérangeant, et pourtant on ne peut s'empêcher d'adhérer à 200% à la démarche du cinéaste, qui n'a pas peur de tomber dans le scabreux ou le glauque pour rester cohérent avec l'univers du « poète ». Alors c'est sûr : le résultat ne plaira pas à tout le monde, mais moi, un gars prenant des risques, capable de nous présenter avec autant de force et sans chichis un original dépravé aussi gonflant par moments qu'attachant à d'autres, ça me plaît et me donne vraiment envie d'en savoir plus, surtout lorsque la forme est en aussi remarquable avec le fond. Porté qui plus est par un Mickey Rourke en mode sommet, « Barfly » est de ces œuvres que l'on oublie pas de sitôt, amère et pourtant presque joyeuse : une belle surprise.