Peter,étudiant américain,arrive en Autriche,pays dont sa famille est originaire,dans un but bien précis.Fasciné par la personnalité de son ancêtre le baron von Kleist,qui régnait sur la région au 16e siècle en y pratiquant la torture et les tueries,il voudrait voir,à titre scientifique,si des fois il ne pourrait pas le faire revenir.Car ce jeune crétin a découvert un parchemin censé faire sortir le tyran de sa tombe.A peine arrivé,il se précipite au château familial pour y psalmodier des incantations,en entraînant avec lui l'architecte bien galbée qui restaure le lieu.Et ça marche!Papy réapparait,avec la tronche en forme de steak trop cuit,vu que les paysans révoltés l'avaient autrefois cramé en récompense de ses sévices,et il n'est pas content.Il se met à multiplier les meurtres sadiques,et une question se pose:comment renvoyer le furieux dans sa tombe?A priori,c'est impossible,mais on trouve toujours une solution dans le cinéma fantastique étant donné qu'il est invraisemblable par nature.Quand Mario Bava fait son Dracula.Bon,contrairement à ce qu'indique le titre,von Kleist n'est nullement un vampire.Par contre,il est très proche de Vlad l'empaleur,jadis prince de Valachie,dont s'est inspiré l'écrivain Bram Stoker pour créer son célébrissime personnage.Bava travaille avec des collaborateurs habituels comme son fils Lamberto,qui est assistant, le producteur Alfred Leone ou le musicien Stelvio Cipriani,qui livre une de ces bandes-son entraînantes en net décalage avec l'action,telles que les affectionne le cinéaste.Le film est gentiment naze et déroule un scénario foutraque qui se termine dans le Grand-Guignol,pour se clore abruptement.Les scènes de transition sont laborieuses,les dialogues désolants,les réactions des protagonistes d'un illogisme inébranlable,et l'actrice,qui change de tenue à chaque séquence,semble égarée dans un défilé de mode.Mais voilà,hormis ces défauts,ce n'est pas si mal car Bava filme divinement bien.S'appuyant sur la beauté de ses décors et l'étrangeté baroque des objets qui y sont placés,il donne une leçon de mise en scène en exploitant à fond l'architecture du château maudit,son utilisation vertigineuse des plongées et contre-plongées se révélant magistrale.Du coup,il parvient à instiller une atmosphère inquiétante à cette histoire qui à la base prêterait plutôt à rire.D'autre part,comme toujours chez cet auteur,la photo est sublime.Le travail sur les couleurs,l'ombre et la lumière donne des plans d'un esthétisme quasiment irréel.Si on ajoute à ça quelques méfaits sanguinolents et bien dégueus,même si le gore reste limité,on passe un assez bon moment.Il est à noter que le script,la localisation de l'action dans un château et l'identité du sadique font penser à un autre film d'horreur italien,"La vierge de Nuremberg",réalisé en 63 par Antonio Margheriti,dont Bava semble s'être largement inspiré.Le titre original de "Baron vampire",qui signifie "Les horreurs du château de Nuremberg",résonne d'ailleurs comme un aveu,et la vierge de Nuremberg,qui se trouve être un appareil de torture mortel,apparait ici parmi d'autres équipements sinistres.La production s'est offert la présence d'une authentique star américaine,certes en fin de carrière,en la personne de Joseph Cotten,qui avait débuté au Mercury Theater d'Orson Welles,avant de jouer dans les premiers films du Maître,"Citizen Kane" et "La splendeur des Amberson".Massimo Girotti,un des meilleurs acteurs italiens de l'époque,lui donne solidement la réplique.L'émoustillante Elke Sommer joue la terreur de manière ridicule,mais son intéressante plastique incite à tout lui pardonner.Elle tournera à nouveau avec Bava l'année suivante dans "Lisa et le Diable",où elle aura la vedette et se révèlera bien meilleure.Le héros est interprété par l'inexistant Antonio Cantafora,qui se distingue essentiellement par sa coupe de cheveux seventies à la Joe Dassin.Traînent là quelques habitués du bis rital comme la belle Rada Rassimov en médium de choc ou le nabot Alan Collins,de son vrai nom Luciano Pigozzi,qui finira coffré dans la fameuse vierge.