Je ne m'attendais pas à être aussi conquise par Baron Vampire, œuvre considérée comme mineure dans la filmographie de Mario Bava avec son scénario ultra référencé et rédigé sur un bout de nappe par Vincent Fotre lors d'un apéro certainement bien corsé. En mixant la légendaire réputation sadique attribuée à Vlad III Basarab, qui inspira Dracula à Bram Stoker, et le personnage central du Fantôme De L'Opéra, célèbre roman de Gaston Leroux publié en 1910, Fotre griffonne un script qui charme Alfredo Leone, producteur de longs-métrages relativement fauchés qui espère néanmoins toucher le jackpot avec l'un de ses films. Ce dernier ayant déjà travaillé avec Bava sur le projet Une Nuit Mouvementée (réalisé en 1968 et projeté en salles 3 ans plus tard pour des raisons de censure à cause d'une scène saphique), Leone commande la réalisation du film au célèbre cinéaste qui fera des miracles face à un script aussi peu imaginatif. Le deal entre Bava et Leone est simple : si Baron Vampire concrétise un succès public, le producteur offrira une carte blanche au cinéaste afin de mettre en scène le film de son choix (en l’occurrence, Lisa Et Le Diable). Bava mettra ainsi tout son cœur en adaptant le script de Fotre et inspirera par ailleurs des effets d'éclairages au nouvel Hollywood, en particulier à William Friedkin et Steven Spielberg.
Suite à la rénovation du château de son ancêtre, un baron particulièrement sadique qui fut annihilé par une sorcière dont il avait lui-même ordonné la mort, le jeune Peter Kleist débarque en Autriche pour empocher un héritage. Charmé par Eva, une étudiante en Histoire de l'Art chargée de surveiller les agissements du nouvel entrepreneur au sein du château, Peter ravive la présence de son ancêtre grâce à une incantation...
À défaut de vampirisme (ne cherchez pas, il n'y en a pas), sorcellerie, torture inquisitrice, courses-poursuites dans des galeries médiévales, forêts et autres ruelles embrumées et gothiques demeurent le cœur de l'action de Baron Vampire. Avec sa sorcière rousse et sa précoce médium tout aussi rousse (cette dernière étant incarnée par la très jeune Nicoletta Elmi, devenue mythique aux yeux de tous les bisseux), cette seconde production Leone / Bava reste un honnête divertissement grâce à sa formidable réalisation. Rythmé par un chouette score de Stelvio Cipriani, qui s'inspire largement ici du travail d'Ennio Morricone (surtout lors de la course-poursuite dans la forêt avec la petite Nicoletta) et offrant un rôle de vrai méchant à l'excellent Joseph Cotten, Baron Vampire se regarde avec beaucoup de plaisir sans être pour autant un GRAND moment de cinéma.