Barry Lyndon par Kroakkroqgar
On dit parfois de Stanley Kubrick qu’il pensait ses plans comme de véritables toiles, et il est probable que ‘Barry Lyndon’ soit à l’origine de cette expression. En s’essayant à la fresque historique et picaresque, le réalisateur nous plonge dans un 18ème siècle fastueux que sa mise en scène teinte de romantisme. En particulier, ses paysages sont grandioses (d’autant plus que le mauvais temps est écarté tout le long du récit) et n’ont rien à envier aux peintures des maîtres romantiques comme Caspar David Friedrich. Pour autant, les scènes en intérieur ne sont pas en reste, grâce à une photographie parfaite et un éclairage à la bougie uniquement.
Au-delà de la prouesse technique, ‘Barry Lyndon’ est également un récit remarquable. Le portrait du personnage de Redmond Barry et son évolution dans les différentes strates de la société sont passionnants. D’ailleurs, l’acteur Ryan O’Neil est particulièrement bon dans ce rôle difficile, passant du candide jeune homme au vieil homme brisé, en passant par l’odieux courtisan. Si le film n’évite pas quelques longueurs, les péripéties et le narrateur du récit font oublier que l’histoire d’Edmond Barry s’étend sur près de 3 heures.
L’autre réussite évidente de ‘Barry Lyndon’, c’est sa bande-originale. Uniquement constituée de morceaux de l’époque, la sélection de Stanley Kubrick hante le spectateur après le visionnage. Que ce soit le « Trio op. 100 » de Franz Schubert, la « Marche d’Idomeneo » de Wolfgang Amadeus Mozart, ou plus certainement encore la « Sarabande de la Suite n°11 en ré mineur » de Georg Friedrich Haendel, répété en leitmotiv morbide dans le film, une réécoute ultérieure de ces morceaux fera immanquablement appel au souvenir de ‘Barry Lyndon’.
Fresque romanesque titanesque, ‘Barry Lyndon’ est un chef d’œuvre.