Goût étrange dans la bouche. Goût Coen si je puis dire.
Cela faisait longtemps que je ne m'était pas plongé dans l'univers des frères Coen.
Je me souviens d'eux comme du couple absurde du cinéma américain, aussi hilarant dans The Big Lebowski que terrifiant dans No Country For Old Men.
Mais je ne me souvenais plus d'eux comme d'un couple à force si absurde.
Barton Fink c'est un film sur l'écriture, la création aristique sans celle-ci et en même temps que sur ça.
Ok... Ca commence bien...
Du portrait d'un sublime d'un écrivain en pleine recherche du verbe sacré, les frères Coen font lentement dériver leur film vers une voie plus mystique, délirante et totalement destabilisante.
AU départ on déteste. On se dit que les scénaristes ont pris trop de coke ou je ne sais quoi, que le histoire d'un mec qui tue un flic nain dans un couloir d'hotêl en feu, c'est purement n'importe nawak.
Et pourtant, on se surprend soi-même les yeux écarquillés devant cette fin au final génialissime, qui accumule, dans un élan quasi mystique, les symboles.
Il faudrait revoir plusieurs fois le film pour tout piger, tant celui-ci est au final d'une profondeur et d'une richesse symbolique tout bonnement surprenante.
Alternant moments de justesse et de beauté (cette fin si jolie) et moment d'angoisse et de pure folie, le film nous transporte partout pour nous laisser au final sur le cul, et pour nous foutre en pleine gueule tous les non dits accumulés jusque là.
C'est tout bonnement fascinant.
Turturro est génial, évidemment, en auteur torturé (pardon, mais celle-là je pouvais pas la laisser passer), Goodman est génial, évidemment, en gros nounours adorable et touchant qui sait se faire purement terrifiant.
Réflexion peut être parfois trop poussée sur le rôle de l'artiste (on est surpassé par les symboles de toute sorte), Barton Fink (le film) nous offre un point de vue brillant et interessant sur un artiste qui, en vénérant la soi-disant "normalité", the common guy", l'homme de la rue, ne l'écoute même pas et au final la méprise presque, ne l'utilisant que comme prétexte pour la création de son oeuvre, sorte de nombrilisme écoeurant.
On pourrait dire beaucoup de choses à propos de ce film souvent sibyllin, mais toujours puissant, évoquant avec humour, décalage et force le travail artistique.