En regardant "Basic", j'étais parfaitement dans l'état d'esprit requis pour visionner ce genre de divertissement à forte teneur en testostérone, ce qui explique mon indulgence coupable à l'égard de ce polar militaire, dont les rebondissements incessants et les grosses ficelles auraient très bien pu m'agacer dans un autre contexte.
Si on fait le deuil de toute vraisemblance et qu'on accepte de se laisse porter par le scénario malin et ludique (à défaut d'être subtil) de ce "Rashômon" du pauvre en pleine jungle panaméenne, le plaisir ressenti est bien réel face à ses personnages sévèrement burnés et à leurs nombreux secrets et mensonges.
Suite à un exercice de survie ayant mal tourné, deux hommes seulement rentrent en vie à leur base militaire, et refusent de s'expliquer face à leurs supérieurs hiérarchiques au sujet de la disparition des cinq autres, parmi lesquels leur cruel sergent instructeur, incarné par Samuel Jackson.
La belle Connie Nielsen doit donc accepter de faire équipe avec un flic de la DEA justement soupçonné de corruption, campé par un John Travolta hyper cabot mais charismatique, lui même ancien de cette base située au Panama, pas loin des cartels colombiens.
A partir de ces divers éléments de récit, le scénariste James Vanderbilt tisse sa toile autour du pauvre spectateur, manipulé sans vergogne à chaque nouvelle version de l'histoire concoctée par les deux survivants - puis par d'autres intervenants plus ou moins inattendus - selon un procédé qui rappelle aussi "A l'épreuve du feu" d'Edward Zwick.
Jusqu'à un certain point, on peut se montrer admiratif d'une telle construction scénaristique, suffisamment habile pour tenir debout, surtout si on accepte de ne pas réfléchir trop loin, ce que le rythme enlevé de "Basic" ne permet justement pas (ça tombe bien).
Mais de rebondissement en rebondissement, l'intrigue finit nécessairement par perdre en intensité (et en crédibilité, bien entendu), au point que l'ultime twist est vraiment de trop, remettant en cause l'ensemble de la structure, au point de se sentir légèrement pris pour un imbécile.
Evidemment, "Basic" ne plaira donc pas à tout le monde, en dépit de la réalisation énervée mais toujours fluide et efficace de John McTiernan, décidément encore l'un des meilleurs en matière d'actioner.
Pour ma part, acceptant d'emblée les limites d'un tel cinéma d'entertainment, j'ai passé une heure et demie très agréable et particulièrement divertissante.